40 comme quarantaine et comme carême

Quarantaine : 40 ans comme les 40 ans d’errance pour le peuple hébreu avant de rejoindre Canaan et les 40 ans de règne pour les rois David et Salomon, ou encore les 40 jours où l’armée d’Israël doit faire face à celle des Philistins avant que le petit David, simple berger venu de Bethléem, arrive à l’improviste et accepte de combattre le colosse Goliath et apporte ainsi la victoire aux Hébreux. (Voir dans la Bible, le Premier livre de Samuel, chapitre 17).

Migrants, personnes âgées, gens trop différents… Qui mettons-nous habituellement en quarantaine ?

Ces quarantaines comme le temps pour Dieu de façonner notre cœur, de nous faire entrer dans une vie nouvelle. Telle la quarantaine du Carême : au bout de 40 jours, un homme sera vainqueur de la mort, ni héros ni costaud, mais Jésus qui sauve et relève.

Notre quarantaine, due au coronavirus, nous rappelle alors que notre humanité a toujours tremblé face aux épidémies. Malgré notre puissance technique, nos sociétés modernes restent absolument vulnérables. Nous n’avons, pas plus qu’hier, la maîtrise complète de notre destin.

Peut-être que ce temps imposé peut nous obliger déjà à nous interroger : qui mettons-nous habituellement en quarantaine aujourd’hui dans nos sociétés ? Migrants, personnes du grand âge, gens trop différents, inadaptés à la vitesse…

Mais aussi dans notre Église ? Victimes d’abus, encore malgré les avancées récentes, situations non conformes…
Allons nous rendre solidaires d’elles en ces jours et regarder l’envers du monde. Celui-là même qui est l’endroit du monde pour Dieu. Lui qui est un Dieu de l’alliance, du don, du dépliement de lui-même, du lien. 40 jours pour nous ouvrir davantage, alors qu’il faut, très sérieusement, se confiner. Ouvrir ses entrailles, découvrir de nouvelles solidarités avec ses voisins plus isolés que soi peut-être. Ou une personne à la rue, proche de chez nous, plus démunie encore.

Prier et supplier, aussi, pour les patients, ceux du coronavirus et tous les autres qui ont impérativement besoin de soins, pour tous les soignants engagés dans cette guerre, spécialement ceux qui apparaissent les plus humbles : aides-soignants, personnels de service…
À nous ensemble d’observer les consignes de l’État pour n’exposer personne par désinvolture. Mais à nous aussi d’aimer plus encore et mieux encore et d’en trouver les chemins concrets.

Véronique Margron, dominicaine et théologienne

Edito RCF, mardi 17 mars 20

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