Action pour les personnes sans papiers – pour des solutions humaines!

Action pour les personnes sans papiers
Quand les personnes dans le besoin ne sont plus ni entendues ni vues, l’Église doit répondre présente

Les grévistes de la faim, réduits au silence, sont obligés d’aborder leur situation de manière aussi radicale que les personnes sans papiers. Dans leurs yeux se lisent le désespoir et la souleur.

Ils sont la proue d’un groupe silencieux et invisible de quelque 150 000 personnes qui vivent et travaillent ici sans aucune disposition légale pour leur séjour ou leur travail. Ecouter les récits des grévistes de la faim, c’est entendre les conséquences de cette exploitation économique.

En tant que groupe de travail MiSaG et groupe de projet Maisons de l’espoir, nous recevons régulièrement des appels des églises pour aider à l’hébergement de personnes sans permis de séjour. Ces dernières risquent de se retrouver à la rue pour cause de maladie ou de manque de travail suite au Civid. D’autres attendent une nouvelle procédure parce que le retour n’est actuellement pas une option tenable.  Certaines églises locales coopèrent avec des banques alimentaires et paient les factures de médicaments et d’hébergement temporaire.  Mais en tant qu’Eglise, l’EPUB pense que des solutions structurelles doivent être trouvées pour les personnes qui se trouvent dans ces situations dégradantes. Nous soutenons la demande exprimée dans cet appel par une vingtaine d’organisations.

 

Des solutions humaines sont nécessaires !

Depuis 7 semaines, des personnes sans-papiers mènent une grève de la faim à l’église du Béguinage et à l’ULB/VUB. Leur action soulève de nombreuses questions et rouvre d’anciens débats. Le fait est que ce groupe d’activistes n’est que la partie émergée de l’iceberg. Derrière eux se cache une masse silencieuse et invisible d’environ 150 000 personnes qui vivent ici sans que leur séjour soit légalement réglementé. Cependant, il est trop facile de les tenir pour responsables de leur propre situation, car beaucoup d’entre elles ont reçu l’ordre de quitter le territoire il y a des années et ont été abandonnées à leur sort. Elles ne sont souvent pas en mesure de retourner dans leur pays.

Il est plus juste de considérer les grévistes de la faim comme le canari dans la mine de charbon, le signal d’alarme d’un problème structurel sous-jacent, non seulement d’une politique d’asile et de migration défaillante, mais aussi d’un problème structurel d’exploitation économique sur le marché du travail. Les employeurs de divers secteurs de notre pays – pour ne citer qu’eux – en profitent. À l’instar de l’exploitation économique dans les mines, dans l’agriculture et la pêche, dans le secteur des transports ailleurs dans le monde, ici aussi, les travailleurs migrants dont le séjour est précaire ou non légal font partie de la chaîne des matières premières et des denrées alimentaires bon marché destinées à notre consommation. Ne fermons pas les yeux sur cette hypocrisie.

Nous pouvons voir les conséquences de cette exploitation économique dans les yeux des grévistes de la faim, nous pouvons les entendre dans leurs récits. Le département de l’asile et de la migration n’est pas le seul responsable de la lutte contre ces conséquences. La lutte contre l’organisation du travail illégal et l’organisation de la migration légale des travailleurs ainsi que l’amélioration de la protection des travailleurs est une responsabilité partagée avec les ministres (régionaux) responsables des départements du travail, de la justice et de la lutte contre la fraude sociale.

 

Pour une approche politique contemporaine

Nous savons que l’économie a besoin de cette main-d’œuvre étrangère. Notre société ne peut en bénéficier que si leur participation à l’économie est organisée de manière légale. Cela peut se faire en élaborant une approche politique moderne en collaboration avec les organisations d’employeurs et de travailleurs. Cette approche pourrait consister à donner aux travailleurs qui résident déjà en Belgique la possibilité de demander un permis de travail en Belgique au lieu de les obliger à le faire dans leur pays d’origine.

Lorsqu’il a pris ses fonctions, le secrétaire d’État S. Mahdi a parlé un langage très différent de celui de ses prédécesseurs. Il voulait faire les choses différemment et mieux. Il défend des solutions structurelles pour empêcher les gens de rester illégalement pendant des années. Sur le terrain, la société civile lui a accordé le bénéfice du doute. Les projets de mener une politique de prorata, de fournir un statut légal aux apatrides et à ceux qui ne sont pas rapatriés, une politique différente envers ceux qui reçoivent un ordre de quitter le territoire, plus de transparence au Parlement sur les dossiers de régularisation individuelle et un code de migration reçoivent un large soutien.

Tout cela prend du temps. Mais ces plans ne constituent pas une solution pour le groupe actuel de personnes sans résidence légale. Il faut maintenant chercher des solutions pour leurs situations, et cela ne peut se faire qu’en leur donnant la possibilité de soumettre un dossier de régularisation individuelle, de faire entendre leur histoire et d’être évalués sur la base de lignes directrices acceptées de manière globale, complétées par le pouvoir discrétionnaire du ministre.

Réactivation de la Commission consultative des étrangers

La réalité est généralement beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît à première vue. Les histoires sont souvent poignantes. Chaque histoire doit être entendue. Les personnes qui ont des enfants nés ici, les personnes qui sont victimes d’exploitation économique, les personnes qui ont des problèmes médicaux, qui sont apatrides ou dont le pays d’origine est en état de guerre, méritent notre compassion. La pandémie est un autre facteur à prendre en compte. Il ne fait aucun doute qu’il y aura aussi parmi eux des personnes qui n’ont aucun motif de régularisation et qui recevront quand même l’ordre de quitter le pays. Une perspective d’avenir durable doit être recherchée avec eux.

Pour y parvenir, il faut d’abord rétablir la paix et la confiance. Les grévistes de la faim, mais aussi les nombreux sans-papiers de notre pays, n’oseront quitter leur abri pour déposer un dossier que s’ils ont la garantie de ne pas être immédiatement arrêtés. Un permis de séjour temporaire dans l’attente d’une décision quant au fond des dossiers individuels est indispensable pour créer cette confiance. L’assistance d’un avocat est également indispensable pour constituer correctement le dossier.

Afin de traiter les demandes qui nécessitent une enquête plus approfondie, nous demandons que la ” Commission consultative des étrangers » soit réactivée. Alors que les secrétaires d’État précédents ont suspendu cette commission consultative – ce qui a en partie causé les problèmes actuels – nous demandons à l’actuel secrétaire d’État à la migration et à l’asile de réactiver la commission consultative. Elle est prévue par la loi et est importante pour tous ceux qui demandent une régularisation individuelle. Le Secrétaire d’État a toute autorité pour le faire. Il pourra ainsi s’attaquer aux problèmes du passé et jeter les bases d’une politique d’asile et de migration tournée vers l’avenir, en collaboration avec les autres ministres concernés.

 

Carte-blanche signée par:

Peter Wouters, Beweging.net; Marc Leemans, ACV; Luc Van Gorp, Christelijke Mutualiteit; Els Hertogen 11.11.11.; Didier Vanderslycke, ORBIT vzw; Stefan Nieuwinckel, Pax Christi; Gastvrij Beveren; Elisabeth De Staelen, Gastvrij Sint-Truiden; Heidi Degerickx, Netwerk tegen Armoede; Charlotte Vandycke, Vluchtelingenwerk Vlaanderen; Koen De Mesmaeker, Internationaal Comité; Baudouin Van Overstraeten, JRS Belgium; Melanie Zonderman, Platform Kinderen op de Vlucht; Gastvrij Netwerk vzw; MdM België; Booms Welkom vzw; Yves Bocklandt, Filet Divers vzw; Bond zonder Naam sociaal vzw; Limburgs Platform voor mensen op de vlucht; Chris Bens, Hand in Hand Vluchtelingen Gent; Jef Devisscher, SOCK Brugge; Robin Vandevoordt, docent migratiestudies, CESSMIR, UGent; Petra Schipper, stadspredikant Protestants Sociaal Centrum Antwerpen; Johan Van Hollemeersch, Huizen van Vrede vzw; Christine D’aes, Steunpunt Integratie Asielzoekers Lubbeek; Ng Sauw Tjhoi, oud-VRT-journalist; Piet De Bisschop, Buddynetwerk Vluchtelingen Aalst; Charles Ducal; Bert Buysse, Kookploeg Gent Solidair/ Gentse Solidariteitsfonds, Cecile Krings, Hand in Hand; Kathleen Van den Daele, LEVL; Wim Vereecken, Halle Zonder Grenzen vzw, Bert Buysse, Kookploeg Gent Solidair; Piet Hostyn, vzw EVA-centrum; Joos Wauters; Dirk Masquillier, Samenlevingsopbouw; Jo De Smet, KWB

 

Personne de contact :

Sandra Rosvelds, Hoofd studiedienst beweging.net

0486 58 74 12

Beeld: wikimedia

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Saint_Jean-Baptiste_du_B%C3%A9guinage_Bxl_01.JPG

 

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