L’Ascension, acte de perfection de la grâce et la voie de la spiritualité chrétienne

Puis il les emmena jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit. Or, comme il les bénissait, il se sépara d’eux et fut emporté au ciel. Eux, après s’être prosternés devant lui, retournèrent à Jérusalem pleins de joie, et ils étaient sans cesse dans le temple à bénir Dieu. Luc 24.50-53

« En levant les mains, Jésus bâtit une demeure spirituelle » parce que tout doit désormais se récapituler au nom de Jésus et c’est aussi parce qu’en ce même nom qu’ils ont cru, les malades ont été guéris, les paralytiques ont marché, les sourds et muets ont entendu et nombreux ont été délivrés.

Il n’est plus question de se demander où est parti Jésus car « personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel », dit Jésus dans Jean 3.13. Il est rentré à la source divine de sa vie, de sa parole et de ses oeuvres.

La question se pose alors de la signification de ce départ, cette fin de l’existence terrestre(physique) de Jésus. Lui qui est dans un corps transfiguré et n’est plus assujetti aux lois de la finitude humaine, lève les mains en bénissant, en conférant une protection. Autrement dit, son départ n’est pas porteur d’ignorance et de peur, de chagrin, d’anxiété, de stress ou d’un sentiment d’abandon, mais il est constructif parce qu’il laisse la joie, une demeure, une sécurité intérieure.

Jésus est parti afin de rendre les choses célestes accessibles sur la terre.
« Lorsque je serai allé vous le préparer, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, si bien que là où je suis, vous serez vous aussi. » Jean 14.3

Spirituellement l’Ascension est un acte où on peut dire que la Lumière du Christ devient comme un ensemble de piliers pour soutenir, éclairer notre destinée.

Ensuite, théologiquement, ce départ est un acte de grâce où Celui qui a opéré le double office de Sacrificateur et de Sacrifice monte dans sa glorification à la Droite de Dieu pour que tout s’organise autour de lui.

C’est aussi l’aboutissement d’un chemin spirituel, qui commence par le baptême, en passant par les différentes tentations jusqu’à la défaite du péché. On peut dire encore que c’est un acte d’achèvement où le fini(l’humain) rejoint l’infini, l’humain retrouve l’image et la ressemblance de Dieu. Notre humanité en Jésus est sanctifiée, elle est amenée à sa véritable fin et son plein épanouissement dans l’Esprit.
Nous sommes maintenant appelés à penser en termes de l’Ascension comme « condition du don de l’Esprit saint, qui devrait nous donner accès à la plénitude de la présence du Christ. »

Nous pouvons ainsi considérer l’Ascension comme la voie de la spiritualité chrétienne parce qu’elle nous appelle élever nos têtes vers le divin. Ceux et celles qui se trouvent dans cette demeure bâtie par Christ sont appelés à monter ou à s’élever pour bien discerner leur destinée.

On peut aussi dire que celui qui ne sait pas s’élever vers le divin, rampe, il est servile et soumis à la tare du pourrissable, du comptable ou du péché.

Concrètement, nous sommes appelés à nous dépouiller de toute pesanteur, tout fardeau, de tout ce qui nous éloigne de Dieu pour être libre de monter dans sa Présence. Comme Moïse au buisson ardent, enlever les sandales (les obstacles à la sainteté de Dieu). Il n’existe pas de spiritualité sans exercice (prière, contemplation, louange, adoration). L’exercice n’est par une oeuvre parce que nous pensons souvent que la grâce résout tout dans la vie chrétienne.

Notre vie est jalonnée par des luttes spirituelle et psychologique. L’exercice de la prière quotidienne nous forge à endurer, à persévérer, à ne pas nous identifier à nos limites ou à nos maladies et à ce que nous traversons. Il nous permet de nous ouvrir à l’Infini ou à la Source de notre être, Dieu.

Il est de la plus haute importance que nous nous efforcions d’ouvrir notre intelligence à l’Esprit divin par l’exercice la prière quotidienne pour nous permettre de discerner à chaque instant si nous vivons de manière équilibrée dans un triple amour (de Dieu, du prochain et de soi).

 

Pasteur Lucien-Philippe Barhebwa in Le Lien, mai 2022, Paroisse de Boussu-Bois

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