Lundi 31 octobre, 6 h 17 (je suis une lève-tôt). Au compteur d’AVAAZ : 1.182.155 signatures pour sauver les baleines, proies des Japonais voraces.
Lundi 31 octobre, 6 h 18 (idem). Au compteur d’Amnesty International : 10.054 signatures pour les habitants d’Alep. Slogan d’Amnesty : l’attaque délibérée de civils n’est pas un dommage collatéral.
La disproportion entre les nombres me laisse rêveuse…
Souvenir, souvenir : il y a bien longtemps, le palais des expositions de Charleroi offrait un espace à la régionale d’Amnesty et nous allions bravement tenir un stand et faire signer des pétitions pendant 15 jours. Oui, oui.
Il fallait se démener et accrocher les badauds pour obtenir leurs signatures. Le public ne se pressait pas au portillon.
Par contre, au stand de la société protectrice des animaux, là il y avait du monde pour les pauvres petites bébêtes !
Combien de fois avez-vous entendu quelqu’un vous dire : moi je préfère les animaux aux gens, ils ne vous trahissent pas, ils vous aiment sans condition… ?
Vous pouvez me dire que la pétition d’AVAAZ est mondiale et que celle d’Amnesty s’adresse au public belge. C’est vrai.
Vous pouvez ajouter que la régionale d’Amnesty était mal foutue, dans un coin du hall 4 et que la SPA était mieux placée. C’est vrai aussi, mais quand on vous offre un emplacement, au prix où ils sont, vous ne faites pas la fine bouche et vous y allez… à fond. En plus, les gens venaient goûter les saucissons et autres tentations, dans le hall 4 comme ailleurs.
D’où vient-il qu’on éprouve plus de pitié pour un animal qui souffre que pour un humain qui souffre ? D’où vient-il qu’on a plus pitié pour un voisin qui souffre que pour un étranger qui souffre ? Et s’il est, cet étranger, une femme noire, musulmane, pauvre et illettrée, ses chances de nous apitoyer sont inversement proportionnelles à la distance kilométrique, culturelle, confessionnelle qui nous sépare d’elle.
Le 10 décembre, journée internationale des droits humains. Et si on se recentrait sur les humains ? Ne me faites pas dire ce que je ne dis pas : qu’il ne faut pas aimer les animaux. Moi aussi je signe pour les baleines : toutes les « créatures du Bon Dieu » méritent respect et attention.
Néanmoins, partout dans le monde, des milliers de nos frères et sœurs en humanité souffrent, victimes de violations graves ou insidieuses des droits humains : torture, emprisonnements injustes, privation de la liberté d’expression, pauvreté, manque de scolarité, injustices liées au genre, à l’orientation sexuelle, logements insalubres, violences policières, attaques délibérées contre des civils en temps de guerre, trafic d’êtres humains, refus d’accueillir des réfugiés ayant ce statut reconnu par l’ONU, violences économiques, écologiques… Je peux allonger la liste à l’infini.
Cela ne vous fend pas le cœur, à vous ? Vous passez aussi au loin de tous ces problèmes ? Circulez, il n’y a rien à voir !
Le 10 décembre n’est pas si loin du 25, date choisie pour fêter l’anniversaire d’un certain Jésus…
Oh, mais que vois-je ? Une crèche avec un bébé (mais qu’il est mignon !) et, entre autres… l’âne et le bœuf, absolument pas bibliques, mais qui selon la tradition réchauffent le niston gelé par les frimas de Palestine !
Un petit bébé. De grosses et braves bêtes.
Nom d’un chien !
Espérons que nous retiendrons autre chose de la venue du Christ parmi nous !
Son amour pour les humains ?
Yvette Vanescote