Un article de Vincent Delcorps
Après RCF et Tertio, nous poursuivons notre découverte des médias religieux belges.
Cette fois-ci, c’est Vincent Delcorps, tout nouveau directeur de rédaction de CathoBel, qui nous présente ses médias. Bien entendu les questions que nous lui avons posées visent à mieux comprendre la place offerte à la recherche de sens, à la foi et au développement spirituel y compris dans les autres religions.
Mais ce qui est passionnant, entre autres, c’est que CathoBel est devant des défis très similaires à ceux qui se présentent à l’EPUB. Pour n’en citer que quelques-unes, la nécessité de dialogue entre des sensibilités différentes au sein d’une même Église, la recherche d’un positionnement fécond par rapport au reste de la société et la volonté de partager une Parole d’espérance. N’hésitez pas à aller visiter le site de cathobel.be, vous trouverez assurément de quoi vous nourrir l’âme.
Assurer une présence chrétienne dans le paysage médiatique francophone
J’ai la chance d’avoir pris les rênes de la rédaction de CathoBel le 1er avril dernier. CathoBel est le groupe multimédia de l’Eglise catholique en Belgique francophone.
Nous sommes actifs sur le web, avec la gestion du site www.cathobel.be, constamment mis à jour, et l’envoi d’une newsletter quotidienne. Nous éditons le journal Dimanche, un hebdomadaire disponible en papier et en format numérique. Nous assurons aussi la réalisation d’émissions radio, disponibles sur les ondes des radios RCF, sur La Première et sur le web. Nous sommes présents en télévision, avec l’émission “Il était une foi”, diffusée sur la Une (RTBF). Nous assurons encore la production de messes radio- et télé-diffusées. L’ensemble de ces productions nous permet d’atteindre plus de 250 000 personnes chaque semaine.
Enfin, il est difficile de ne pas évoquer les réseaux sociaux. Aujourd’hui, ils sont devenus un support incontournable. Pour nous, ils constituent un moyen privilégié pour faire connaître nos programmes. Ils offrent aussi des espaces de dialogue et de rencontre avec nos publics. Renforcer le positionnement de CathoBel sur les réseaux sociaux et, plus largement, sur les supports digitaux, constitue d’ailleurs l’une de nos priorités.
Une seule ligne éditoriale, des voix multiples
Si CathoBel dispose d’une ligne éditoriale cohérente, celle-ci se décline de bien des manières. Nos différents médias, programmes, émissions ne touchent pas tous les mêmes publics. On ne prend pas la parole de la même manière sur les ondes de RCF que sur les antennes de la RTBF. C’est là une chance: nos médias peuvent toucher les plus fidèles paroissiens comme de plus lointains chercheurs de sens. C’est aussi un défi: pour faire entendre la voix de l’Evangile dans le monde d’aujourd’hui, il importe d’être créatifs, de trouver les mots et les images qui pourront toucher les cœurs.
La rédaction de CathoBel est composée d’une petite dizaine de journalistes, souvent à temps partiel. Elle peut aussi compter sur la collaboration de nombreux journalistes, chroniqueurs et bénévoles extérieurs. Je crois pouvoir dire que les personnes qui travaillent pour CathoBel le font par passion; elles le font aussi avec enthousiasme et en étant animées d’un profond sens du service.
Notre rôle est pluriel. Bien évidemment, nos tentons de couvrir l’actualité de l’Eglise, dans nos diocèses comme ailleurs dans le monde. Nous essayons aussi d’apporter un regard chrétien sur d’autres questions d’actualité. Certaines thématiques retiennent d’ailleurs particulièrement notre intérêt: religions et spiritualités, famille, enseignement, politique migratoire, vie associative et militance, démocratie et droits de l’homme… Enfin, nous avons à cœur d’assurer une mission de formation et de soutien: nous voulons aider nos publics à comprendre la foi chrétienne – et à en vivre.
La ligne des évêques? Il est évident que notre travail passe par une bonne compréhension des orientations de notre épiscopat. Pour autant, comme journalistes, nous jouissons d’une grande autonomie, et avons à cœur d’user de cette liberté. Ainsi, un des désirs qui m’anime particulièrement consiste à mettre l’Eglise en mouvement et à soutenir la réflexion et l’engagement au sein de celle-ci. Notre mission ne consiste pas seulement à dire ce qui se fait dans nos paroisses. Ni à feindre que tout irait bien.
Nous vivons des temps compliqués mais fascinants: dans nos régions, l’Eglise connaît une importante mutation. CathoBel doit pouvoir aider l’Eglise dans ces temps de transition. En dénonçant les dysfonctionnements. En proposant des exemples de changement. En permettant à des personnes d’avis opposés de se rencontrer. En aidant les chrétiens à prendre du recul et de la hauteur.
En tant que journalistes, nous pouvons tenir des propos que des évêques ne pourraient sans doute se permettre. Nous pouvons aussi dénoncer des erreurs. Mais nous tenons à faire notre travail dans un esprit constructif et dans le respect d’une véritable loyauté vis-à-vis de l’Eglise et de ses responsables.
Le défi du dialogue dans une société plurielle
Le terme “dialogue” se trouve au cœur de mon projet éditorial. Je suis frappé de constater que cette posture n’est pas encore toujours évidente au sein de notre Eglise. Ce dialogue doit nécessairement se situer à différents niveaux. En interne tout d’abord, au sein de notre rédaction. Nous n’y avons pas tous les mêmes avis, les mêmes regards. C’est donc bien là que les premiers dialogues doivent se nouer. De ce point de vue, malgré les fascinants outils dont nous disposons, le télétravail constitue une réelle épreuve… Nous voulons aussi faire dialoguer les acteurs, témoins, experts à qui nous donnons la parole. Et montrer ainsi que si l’Eglise est une, elle est aussi composée de bien des chapelles.
Nous aimons également dialoguer avec nos publics. Recevoir leurs retours est pour moi une expérience précieuse. Elle n’est toutefois pas toujours facile – car ceux qui s’expriment le plus sont souvent ceux qui sont le moins en accord. De même, elle peut ne pas être agréable – car les paroles peuvent être dures et si sûres d’elles, sur les réseaux plus encore qu’ailleurs. Une dernière dimension du dialogue me tient particulièrement à cœur : celui qui pourra se nouer au sein des familles, dans les conseils épiscopaux, les paroisses et ailleurs, après la lecture d’un article ou le visionnage de l’un de nos reportages. Nous voulons être au service de ces personnes et communautés. Les inciter à se mettre en mouvement. Leur donner des idées. Les aiguiller dans leurs prises de décision.
Il y a aussi le dialogue que les religions peuvent nouer entre elles. Ce dialogue est fragile et nécessaire. Il doit se tenir à différents niveaux – responsables ecclésiaux, intellectuels… Mais il doit surtout se vivre sur le terrain, à travers des initiatives concrètes. Nos médias veillent à encourager ces échanges, à les rendre visibles, à en montrer les forces et les limites. Ainsi, à titre d’exemple, chaque année, nous aimons couvrir la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Au-delà, CathoBel est heureux de pouvoir mettre en valeur des personnes et initiatives porteuses d’espérance, qu’elles soient issues du protestantisme, de l’islam, du judaïsme ou d’ailleurs.
Le dialogue que nous visons, c’est aussi celui qui peut se tisser entre l’Eglise et la société. Ce dialogue est vital. De nos jours, tant d’hommes et de femmes ne connaissent plus l’Eglise. Ne savent plus grand-chose du message de Jésus. Ou n’en ont qu’une idée tronquée. A travers nos médias, nous voulons faire exister l’Eglise, rendre audible l’esprit de l’Evangile. De même, nous voulons aider l’Eglise à s’ouvrir aux divers vents qui animent la société – pour éviter qu’elle se referme trop sur elle-même.
S’il est une chance que l’Eglise dispose de ses propres canaux de communication, cela ne peut naturellement lui suffire. La présence de voix chrétiennes dans les médias généralistes me semble absolument indispensable. A l’avenir, cela devrait aussi devenir l’une des missions de CathoBel. Mon désir est de faire apparaître notre groupe comme expert sur les questions touchant à l’Eglise en Belgique francophone. Ce qui devrait aussi pouvoir nous permettre d’apporter notre voix et notre regard dans d’autres médias.
Vincent Delcorps
Directeur de la Rédaction – CathoBel
Photo : CathoBel
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