Questions de Jean-Guillaume DeMailly
Chargé de communication / Communication officer
Pourquoi es-tu devenu pasteur ?
Je suis devenu pasteur pour mettre ma foi plus intensément en pratique, pour accompagner les gens dans leur quotidien, dans les moments de joie et de tristesse, dans leurs questionnements et leur recherche d’un sens plus profond, dans leurs demandes et leurs inquiétudes.
La foi m’a toujours plus ouvert les yeux sur les besoins, l’inégalité et l’injustice dans le monde. Et, libéré et fasciné par la Parole, j’ai eu le désir, dans et par l’Église, de prier et de travailler ensemble pour un monde plus inclusif, à la fois ici et au loin.
Comment ta foi influence-t-elle ta vie quotidienne ?
Je vis la foi comme une libération, l’espoir comme une inspiration et l’amour comme une solidarité.
Elle me rappelle constamment les personnes humbles blessées et sans espoir qui m’entourent et qui vivent dans ce monde. Combien la plupart d’entre nous sommes privilégiés ici. Je me demande souvent comment nous supportons tant de misère, de guerre et d’injustice. Combien de fois ai-je prié : “Seigneur, ce royaume qui est le vôtre, en sortira-t-il quelque chose ? » Mais pas comme un cri de désespoir, plutôt comme un cri de lutte pour persévérer et « ne rien lâcher »,
Quand tu fais le bilan de ta carrière, de quoi es-tu le plus heureux ?
Je suis heureux et reconnaissant d’avoir pu servir et célébrer au Rabot à Gand pendant 32 ans.
Je repense aux nombreux et beaux moments de connexion profonde, lors des services dominicaux “ordinaires”, mais aussi lors des mariages, des baptêmes et des funérailles.
Je pense aux nombreux et magnifiques services de Noël, de Pâques et de Pentecôte et à d’autres, comme la Journée internationale de la femme. Je me souviens également de notre week-end annuel à l’église, des enfants que j’ai vus grandir, de bébés aux adolescents et d’adolescents aux adultes, du cercle des 55+, le groupe d’étude biblique et de bien d’autres choses encore, trop nombreuses pour être mentionnées.
Je suis heureux d’avoir pu voir la paroisse s’épanouir et devenir une église ouverte, hospitalière et solidaire. Qu’ensemble, nous formions une communauté multiculturelle où jeunes et vieux se sentent liés les uns aux autres, une communauté qui a à cœur de s’occuper des plus pauvres et des plus vulnérables, comme les réfugiés.
Je suis également heureux de mon investissement au sein de l’EPUB, en particulier au Conseil synodal, pour tout ce que je peux apprendre, recevoir et rendre. Et pour le travail au sein de la Commission Église et Monde, à laquelle j’ai eu le privilège de participer pendant plus de dix ans, en particulier pour notre église sœur en Afrique du Sud dans la lutte contre l’apartheid.
J’ai également eu le plaisir de travailler avec les jeunes, d’abord à Op Vrije Voeten, puis ProJop et les camps KAP, et enfin et surtout ProFest 2019 à Gand. Quelle fête !
As-tu vu l’Église évoluer au fil du temps ?
Malheureusement, je constate dans l’église, et pas seulement en Belgique, une tendance croissante à l’orthodoxie et à l’évangélisme, souvent accompagnée d’un conservatisme éthique.
Une autre partie de l’Église veut être présente dans la société d’une manière innovante et utile. Il y a de bonnes idées et des initiatives dans notre Église, comme le regroupement de petites églises, Église contemporaine et les pionniers. Mais c’est difficile et il faut chercher des opportunités et oser prendre des décisions pour changer de cap. Souvent, on constate que les gens réagissent comme ça : « Ce sont de bonnes idées, mais pas chez moi”.
Quels sont tes projets pour les années à venir ?
Accomplir activement mon mandat de membre du Conseil synodal! Continuer à soutenir, à stimuler et à aider la ou les Église(s) lorsque c’est approprié et possible. Rester engagé dans la région de Gand dans différents domaines, plus pour soutenir que pour diriger. Et bien sûr, passer plus de temps en famille, faire du vélo, du tennis de table, lire, étudier, se cultiver et voyager.
Qu’est-ce qui te rend heureux et te donne des raisons d’espérer ?
Ma chère Saskia, qui a toujours été un soutien dans le travail, les enfants et petits-enfants, les nombreuses personnes qui me sont chères à la Rabotkerk, à l’EPUB et dans notre l’église sœur (URCSA) en Afrique du Sud, les nombreux amis et collaborateurs de mes réseaux à Gand, et mon club de tennis de table.
J’espère que le covid, et plus encore la crise climatique dramatique, nous ramèneront tous à la raison et nous conduiront à une nouvelle normalité et à des mesures audacieuses en faveur d’un monde différent, nouveau, plus vert et plus inclusif.
Que souhaites-tu pour l’Église ?
Je peux continuer à espérer et à croire que l’Église remplira pleinement sa vocation pastorale et prophétique en ces temps incertains de polarisation et d’inégalités croissantes. Et que, plus que jamais, elle sera unificatrice, émancipatrice et vecteur de solidarité.
Il est plus que souhaitable qu’elle ne se considère pas comme un but, mais comme une partie de ce que la Bible appelle “le royaume de Dieu”. À mon avis, il est urgent de s’engager dans le processus conciliaire (renouvellement de l’Église et changement social) pour la paix, la justice et la préservation de la création. La prochaine Journée du Synode sur le climat, le 19 mars, est une fois de plus une occasion à ne pas manquer.
Puisse l’Église, avec la bénédiction de Dieu et sa puissance spirituelle, être à la hauteur de son nom “Église réformée” et être prête à se renouveler continuellement.
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Pasteur Marc Loos
EPUB Gand Rabot
Février 2022