En mémoire de…

Je suis bien consciente que chaque jour qui passe peut être un calvaire et une source d’angoisse pour beaucoup d’entre nous. Néanmoins, la situation actuelle offre parfois des opportunités d’activités extra ordinaires, les distractions de toutes sortes étant bannies. Voilà l’occasion rêvée (?), de trier des papiers familiaux, d’ouvrir cette boîte, pas si grande au fond, où maman avait serré consciencieusement ses souvenirs les plus précieux.

Je l’avais déjà ouverte sans y prêter vraiment attention, sans trier, lire, apprécier.

D’autre part, un énorme album vierge attendait, depuis des années, une occasion valable, lui qui était au chômage technique depuis le stockage des photos sur l’ordinateur.

La conjonction des planètes est parfaite, allons-y, attaquons le morceau. Il y en a pour des heures… Je suis toujours trop optimiste dans mes timings : il y en eut pour des jours.

 

Découverte d’anciens faire-part de décès largement bordés de noir, qui remontaient à la génération des arrière-grands-parents… Moyen de rafraîchir la mémoire au sujet des liens familiaux. Moyen aussi de reconstituer des alliances avec des noms connus du protestantisme.

Tiens, les untel étaient parents ! Oh, c’est comme ça que mon oncle Louis disait que nous étions cousins avec quasi toute l’Eglise de Courcelles !

Comme ils mourraient jeunes !

Eh bien, voici la belle occasion d’illustrer le petit arbre généalogique de la famille.

Il faut s’occuper des ancêtres paternels, maternels. Descendre jusqu’à notre génération. Trier des anciens clichés.

Passionnant. Encore plus si on ajoute les très anciennes photos bien statiques : grands-parents, parents, enfants, tous amidonnés, sérieux (il faut dire qu’avec les techniques de photos de l’époque qui prenaient un temps fou, on attrapait facilement des crampes au visage !)

Photo du mariage de mes grands-parents paternels, mariée en noir, comme toute la tribu (ils étaient huit frères et sœurs du côté de la mariée. Parents des deux côtés, sérieux comme des papes.

 

D’autres souvenirs : photos de classes primaires, années 25/30, photos de fiançailles, faire-part de mariage, menus, plan de table du mariage parental, démarches auprès d’un hôtel luxembourgeois pour le voyage de noce…

 

Mais vient le plus important : une série de lettres, entre autres, le récit du décès de mes arrière-grands-parents maternels à Bordeaux, puis une lettre de maman, réfugiée à Bordeaux, lettre à papa, démobilisé en Belgique, après le décès de ma petite sœur de treize mois, lettre pleine de foi, de paix.

Impressionnant. Réponse de papa. Etre séparés dans des circonstances pareilles… Cela trouve un écho maintenant, non ?

 

J’ai suivi, comme une détective, la famille à la trace, découvrant des failles (dont j’avais eu des échos), mais surtout prenant la mesure des liens entre familles protestantes dans ce coin de Wallonie (une vraie maffia huguenote !). Il y avait un véritable coron parpaillot à Courcelles !

Au fur et à mesure de l’élaboration de cet album est montée en moi une émotion profonde, une conscience que j’étais le résultat de la somme d’amour que tous mes ancêtres ont éprouvé en couple et en famille.

Un peu de nostalgie. Regrets de ne pas avoir connu telle ou telle personne. Conscience du temps qui passe si vite et des générations qui se succèdent et se remplacent inlassablement.

Reconnaissance pour tout ce que mes ancêtres ont été et ont accompli, à des époques où la vie était tout sauf facile, reconnaissance pour leur fidélité à leur foi, reconnaissance envers le Seigneur qui a marché, pas à pas, auprès de chacun d’eux et qui encore maintenant nous accompagne…

Je prie pour que les générations suivantes découvrent la richesse de cet héritage et en vivent, tout en étant bien ancrés dans leur époque à eux.

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