Humain, où es-tu?

Bien chers frères et sœurs,

 

Pendant la Période de la Création, du 1er septembre au 4 octobre, 2,2 milliards de chrétiens à travers le monde sont appelés à prier et à agir eux-mêmes pour la préservation de la Création. Toutes les communautés ont reçu du groupe de travail « Eglise dans la Société » du matériel de support et des suggestions liturgiques que vous pouvez utiliser pour la Période de la Création. Le Conseil Synodal aimerait vous recommander vivement ce matériel.

 

Plus que jamais auparavant, il y a un besoin urgent de protéger la Création de Dieu. Ces dernières années, nous avons observé de plus en plus de sécheresses, de feux de forêt, d’ouragans dévastateurs, des inondations et des pertes de récoltes. La biodiversité continue de décroître. La calotte glaciaire continue de fondre. Le niveau des mers s’élève. La mer elle-même devient de plus en plus polluée et empoisonnée. Des records de chaleur ont encore été battus.

 

Si ces tendances continuent, on peut s’attendre à une élévation de la température sur terre de près de 4°C d’ici à la fin du siècle. Ceci aurait des conséquences dramatiques, en particulier pour les populations vulnérables dans le monde. Car elles vivent souvent dans des zones où les risques d’inondations ou de sécheresses majeures sont les plus élevés. En même temps, ceux qui contribuent le moins au réchauffement climatique sont souvent ceux qui souffrent le plus de ses effets. Ceci montre que combattre le réchauffement climatique est une affaire de « justice climatique » – les épaules les plus fortes doivent supporter la plus grande part du fardeau des changements nécessaires. Une transition vers moins de carbone et une société durable doivent être justes. Seule une politique équilibrée et équitable peut assurer le soutien nécessaire à l’application des mesures de grande envergure qui s’imposent.

 

Le chemin qu’il nous faut prendre est fait de petits et de grands pas. Au niveau individuel, nous pouvons faire des petits pas. Tout un chacun peut faire quelque chose. Par exemple, nous pouvons réduire notre consommation de viande et privilégier la mobilité « douce » pour nous déplacer. De grands pas sont nécessaires au niveau institutionnel parce que nous avons besoin d’une révolution radicale, par exemple, s’agissant de réduire l’usage des énergies fossiles, de transformer les politiques en matière d’agriculture et d’élevage, de transports publics, d’urbanisme, etc. Une telle révolution est urgente parce qu’au plus nous attendons, au plus élevés seront les coûts et les efforts à consentir pour garder notre planète habitable.

 

La gestion de la crise du Corona a montré qu’un important électrochoc peut être créé quand la situation devient urgente. Jamais auparavant dans l’histoire de l’humanité des mesures aussi drastiques n’ont été prises en si peu de temps. Le changement climatique est un processus plus insidieux, mais qui, si aucune action n’est entreprise, peut avoir des effets plus désastreux encore que la crise du Corona. Ce qui vaut pour le Covid-19 vaut aussi pour le climat : mieux vaut prévenir que guérir.

 

Chers sœurs et frères, le réchauffement climatique constitue un défi à la fois matériel et spirituel. Après tout, il soulève en profondeur la question du rôle et de la place de l’humain dans la Création de Dieu. Quelle est notre responsabilité à l’égard de nos sœurs et frères humains, proches et éloignés, actuels et dans les générations futures ? Que signifie pour nous que la terre appartienne au Seigneur (Ps. 24 :1) ? Que faisons-nous de l’injonction de Dieu à prendre soin de la Création (Gen. 2 :15) ?

 

Le récit de la création dit qu’après avoir créé l’être humain, Dieu vit que cela était très bon (Gen.1 :25). Pendant longtemps, nous en avons conclu que l’homme est le couronnement de la Création. Mais l’histoire ne finit pas avec la création de l’être humain. La création s’achève et est couronnée par un jour de repos – un jour saint. Ce repos, le Sabbat, fait partie intégrante du récit de la Création. La Création n’est pas et ne peut être achevée sans repos. En Lévitique 25, le Sabbat est prolongé par l’Année Sabbatique et l’Année du Jubilé. Ceci montre la mission sociale et écologique assignée à l’humanité par Dieu.

 

Il est évident que la terre a désespérément besoin d’une période de repos, non pas seulement un jour par semaine, ni même pour un an, mais pour beaucoup plus longtemps encore. La première question que Dieu adresse à l’humanité est : « Humain, où es-tu ? » (Gen. 3 :9). Cette question est pertinente et résonne aujourd’hui. Comment répondons-nous à cette question ? L’accueillons-nous ou nous cachons-nous comme Adam et Eve ? Ce sont des questions pertinentes auxquelles nous sommes confrontés en cette Période de la création qui arrive, et au-delà.

 

Chers sœurs et frères, les défis sont énormes, mais nous ne sommes pas seuls. Nous nous accrochons fermement à la présence de Dieu, qui s’est révélé en Jésus-Christ, et nous prions pour que l’inspiration et la puissance de l’Esprit renouvellent la face de la terre (Ps. 104 :30).

 

Nous vous souhaitons une inspirante Période de la Création.

 

Pour le Conseil Synodal,

Past. Steven H. Fuite,

Président du Conseil Synodal de l’Église Protestante Unie de Belgique

 

Image : pixabay

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