Je n’ai pas peur

Nous sommes le mardi 22 mars après-midi.

Encore triste et confus des événements qui se sont passés ce matin, je suis derrière mon bureau, dans un Bruxelles devenu surréaliste. Jusqu’à midi, la ville résonnait sans cesse des sirènes stridentes des ambulances, des pompiers et des policiers. Elle est maintenant plongée dans un silence surprenant, interrompu par quelques hélicoptères qui sillonnent le ciel de la capitale belge. Je les vois de ma fenêtre et mes pensées vont vers toutes les victimes de l’aéroport et du métro, ainsi que leurs proches.

Le siège de l’Église Protestante Unie de Belgique est situé aux marges de la commune d’Anderlecht, pas vraiment un quartier de luxe ! En effet, nous ne sommes pas installés dans un petit coin sûr au milieu des pelouses bien soignées d’un parc d’affaires. Nous sommes ici au milieu de la ville. Lorsque, entre les réunions, je fais une promenade, les personnes dans la rue me reconnaissent, savent qui je suis et ce que je fais. Elles me saluent toujours, parfois quelques musulmans spontanément m’embrassent.

Quel pays magnifique et quelle métropole aux visages si divers ! Les chefs de culte s’y réunissent très souvent et les rencontres se sont intensifiées, surtout depuis l’attentat contre Charlie Hebdo. Il ne suffit pas de faire ensemble de grandes déclarations, mais encore il faut se montrer solidaire au sein de la société, comme des êtres humains unis dans leurs différences respectives.

Aujourd’hui, je n’ai pas peur, si ce n’est des idées simplistes qui pourraient surgir des événements horribles de ce matin. En effet, certains cèdent aux généralisations réductrices, qui sèment des germes de méfiance.

 

Je continuerai à féliciter, à soutenir et à remercier tous ceux, qui montrent dans cette société diverse, qu’il est possible de croire, comme l’Homme de Nazareth, en un monde où les individus ne sont jamais niés ni réduits à l’état d’adversaires.

 

J’espère que Bruxelles et toute la Belgique réagiront d’une manière digne. Nous sommes tous blessés, mais nous devons continuer de prêcher l’écoute mutuelle et de montrer des exemples magnifiques de vivre-ensemble.

Dans quelques semaines, plusieurs communautés, dont l’Église Protestante Unie de Belgique, organiseront un tournoi de foot de rue, en plein cœur de Molenbeek. 40 petites équipes de 4 personnes, des équipes mélangés bien évidemment : musulmans, protestants, catholiques, etc. Un signe parmi d’autres, au sein de la société, d’un vrai vivre ensemble. C’est seulement en travaillant ensemble qu’on arrive à ce but.

Pr. Steven H. Fuite.
Président du Conseil Synodal
de l’Église Protestante Unie de Belgique

 

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* = Ce texte apparaît également comme éditorial dans l’hebdomadaire français Réforme

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