Le master et le travail de pionnier s’enrichissent mutuellement

Au cours de l’été 2017, j’ai été nommé pionnier à Alost. À l’époque, j’étais encore très jeune et je n’avais qu’un bachelor de  théologie en poche. Comme toute personne qui commence un travail d’Église, j’avais encore beaucoup à apprendre après ma formation. Lors de ma première visite pastorale, je me suis assis sur une chaise et j’ai remarqué que les 180 crédits ne m’avaient rien appris sur ce qu’il fallait faire dans cette situation. Un pasteur ne devient pas un bon pasteur en lisant beaucoup de livres, mais en écoutant beaucoup. Et cela s’applique également  à un pionnier. C’est vraiment un métier que l’on apprend en mettant les mains dans le cambouis. Mais une formation théologique académique n’en a pas moins toute sa valeur.

 

Outre mon travail à Alost, je travaille également à mi-temps pour terminer mon master à l’ETF de Louvain. Au cours de ce programme, j’ai l’occasion d’apporter à la faculté de nombreux exemples tirés de la pratique. Cela me permet de réfléchir au travail que je fais sous la supervision d’experts et en m’appuyant sur de bons ouvrages.

 

Il y a quelques années, une femme m’a demandé des conseils pour réfléchir sur l’euthanasie. Pendant que  je faisais les entretiens, j’ai ramené ce cas à mes études. Pour le cours “Contemporary Issues in Christian Ethics”, j’ai écrit un article sur cette femme, de manière anonyme bien sûr. Cela m’a obligé à réfléchir profondément aux conversations que nous avions eues. Cela en valait vraiment la peine, puisqu’il s’agissait de vie et de mort. Le conférencier et la littérature m’ont donné des pistes utiles qui m’ont aidé à soutenir la femme d’un point de vue chrétien dans la prise de cette décision difficile.

 

Un an plus tard, j’ai suivi le cours World Christianities, Global Migration and Intercultural Missiology. La mission consistait à examiner les différentes communautés chrétiennes migrantes d’Alost et de ses environs. Le cours m’a fourni une littérature plus qu’utile pour mener à bien cette mission avec un regard spécialisé. Cela m’a fait apprécier davantage les différentes approches de la foi. J’ai mieux appris à voir la théologie comme quelque chose de fortement déterminé par le contexte et la migration.

 

Ce ne sont là que quelques exemples. Ces dernières années, j’ai eu le privilège d’analyser la plupart des facettes de mon travail de pionnier sous un angle universitaire. Le travail de pionnier est difficile. Il est souvent très chaotique et imprévisible. Ce master m’a rendu meilleur dans ce que je fais et plus confiant. C’est pourquoi je ne peux qu’encourager l’Église à ne pas se contenter d’un diplôme de bachelor. Le pionnier peut être encouragé et soutenu en formant davantage. La théologie dans les manuels et la théologie dans les rues d’Alost s’enrichissent l’une l’autre. Le master est le moyen idéal de les réunir.

 

Tom Schepers – Pionnier à Alost

Image : Tom Schepers

 

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