Luther et la Diète de Worms

Quand le triomphe de la vérité fait place à une ère nouvelle !

Les principales Fêtes chrétiennes (Noël, Pâques, Ascension et Pentecôte) qui rythment l’année civile aussi bien en Eglise, que dans la société ont des racines multiples et surtout bibliques. A côté de ces fêtes, il y en a une autre, un peu plus récente, qui remonte au XVIe siècle. Ces principes fondamentaux à savoir : l’Ecriture seule, la Grâce seule, la Foi seule, à Dieu seul soit la gloire, etc., constituent l’ADN du protestantisme en général et du protestant en particulier dans sa démarche de foi et/ou sa quête de sens.

Dans la panoplie des réformateurs et pré-réformateurs qui, de par leurs démarches de foi et leurs engagements aussi bien en Eglise qu’en société ont donné au protestantisme naissant ses lettres de noblesses, Luther est le plus connu. En effet, il est celui qui a signé l’acte de naissance de ce mouvement qui voyait le jour au XVIe avec l’affichage de ses 95 thèses le 31 octobre 1517 sur la porte de l’église du château de Wittenberg.

Dans ses thèses, le moine Luther, professeur de théologie, dénonce les scandales de l’Église de son temps, notamment la vente des indulgences et la théologie des œuvres : nous sommes sauvés par la grâce au moyen de la foi en Christ et non par les œuvres. L’intention de Luther est simple : que les chrétiens retournent simplement à la volonté et à la parole du Christ. Voilà pourquoi, il préconise que le clergé puisse exhorter les chrétiens de s’appliquer à suivre Jésus Christ, leur chef. Ce qui bien sûr, éviterait aux chrétiens de sombrer dans les illusions d’une fausse paix qu’offriraient certains dogmes d’alors.

Aux yeux de Rome, les thèses de Luther ne sont pas les bienvenues, puisqu’elles sont considérées comme étant des hérésies. Sommer de retrouver la raison c’est-à-dire de révoquer ses écrits et ses thèses sur le commerce des indulgences et la papauté, et de revenir à la maison en juin 1520, Luther choisit de rester fidèle au principe de l’Ecriture Seule : la Bible, comme étant la seule autorité à laquelle il doit soumission et obéissance. C’est ainsi que Luther fera l’objet de plusieurs bulles d’excommunications et d’invitations à comparaître à Rome.

Avec le soutien des princes Allemands plus ou moins acquis aux idées de Luther, ce dernier ne sera jamais extradé à Rome. En revanche, Charles Quint convoquera Luther en sa présence à la diète de Worms, en avril 1521. Afin de rassurer Luther qu’il sera conduit et ramener sain et sauf de Wittenberg à Worms, la convocation à comparaître sera accompagnée d’un sauf-conduit.

Grande sera la déception de Charles Quint de voir le moine Luther qui refuse fermement de désavouer ses écrits. Cette fidélité de Luther au combat qui est devenu le sien, se justifie par la conviction qu’il porte au fond de son être et qu’il n’a pas hésité à partager devant cette auguste assemblée délibérative qu’est la diète de Worms en ces termes : « Je ne puis ni ne veux rien rétracter car il n’est ni sûr ni salutaire d’agir contre sa conscience ».

Un détail qui n’est pas des moindres aux lendemains de la diète de Worms, c’est le respect de la parole donnée par Charles Quint. En effet, bien que résolu comme ses pères, à soutenir la papauté, même dans sa cruauté et ses abus, le monarque a veillé à ce que le sauf-conduit soit respecté, afin que Luther rentre chez lui sain et sauf. En revanche, toutes les dispositions avaient déjà été prises par les romanistes en vue d’enrayer Luther et ses œuvres une fois que le sauf-conduit serait périmé. Bien au parfum de tout et inspirer par Dieu, Frédéric de Saxe avec le concours d’amis sûrs, fit enlever le réformateur afin de le sauver de la fureur de ses ennemis. C’est ainsi, que Luther fut caché pendant environ une année dans le château de la Wartbourg, forteresse isolée dressée au sommet d’une colline.

Avril 1521 à octobre 2021 ! 500 ans après la diète de Worms, quels enseignements pouvons-nous en tirer ? Comment pouvons-nous demeurer dans une démarche de foi contemporaine qui ne se rétracte pas devant les velléités de ce siècle et les doctrines étrangères à l’Evangile ? C’est dans cette dynamique le culte de la Réformation du Pôle 1 prévu le dimanche 24 octobre 2021 à partir de 10h30 au temple protestant de Dour, fera mémoire de Luther et la diète de Worms, pour une meilleure appropriation des convictions théologiques et spirituelles de la Reforme. Vous êtes les bienvenues à ce rendez-vous cultuel qui sera l’occasion de savoir un peu plus sur les contours et le déroulement du procès de Luther à la diète de Worms.

Dans la tradition protestante, le mois d’octobre, résonne toujours comme une alerte pour une Eglise qui se réforme sans cesse sur les pas des réformateurs. Par alerte, entendons ici, le recul critique de l’Eglise vis-à-vis d’elle-même et de sa pratique. Et l’apôtre Paul de dire : « que celui qui croit être debout prenne garde de tomber ! ». Cela dit, la Réforme dans la perspective du moine Luther n’est pas une volonté de rupture avec l’Eglise. Mais, elle est le souci permanent de purifier l’Eglise de tout ce qui pourrait l’éloigner ou la détourner du Seigneur de l’Eglise et de sa Parole. Le défi pour l’Eglise est, et sera toujours d’être en phase avec le Christ afin que son dire, son célébré et son faire, rendent témoignage de la Vérité de l’Evangile.              

Past. Frédéric Teule

 

Image : Martin Luther à la diète de Wörms, wikimedia commons, auteur non identifié

 

 

 

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