Marioupol : que les chars deviennent des charrues

L’aide pastorale en temps de guerre

Témoignages d’aumôniers Ukrainiens
Recueillis par l’aumônerie du port d’Anvers – Sailor’s society

Crédit Photos : Marc Schippers

Lorsque les forces russes ont envahi l’Ukraine le 24 février, la ville portuaire de Marioupol s’est immédiatement retrouvée sous le feu. Marioupol a connu beaucoup de difficultés depuis l’annexion de la Crimée et la sécession des territoires de Donetsk et de Lougansk en 2014, mais ce qui s’est passé ces dernières semaines était bien pire. Mon collègue aumônier du port, le pasteur Victor, qui travaille depuis des années pour la mission des marins à Marioupol, a témoigné de la violence de l’attaque :

Les roquettes sont lancées sans interruption sur la ville. Des maisons sont détruites et des voitures prennent feu. Un groupe d’adultes et d’enfants s’est réfugié dans l’église et chez moi. Je vis dans une région fortement harcelée mais je crois au Seigneur. La population a besoin d’aide psychologique et matérielle. La plupart des magasins et des pharmacies sont fermés.

Au cours des jours suivants, j’ai réussi à rester en contact avec quelques collègues Ukrainiens via WhatsApp. L’aumônier du port, le pasteur Eduard, qui travaille pour la Sailors’ Society à Izmajil, a été confronté à un flot de réfugiés. Avec quelques volontaires, il a commencé à distribuer de la nourriture et des boissons à la longue file d’attente. Il aide également à conduire les réfugiés à la frontière. Il a témoigné de ses expériences :

Je n’ai jamais travaillé comme chauffeur de taxi, mais maintenant nous emmenons régulièrement des gens à la frontière avec la Moldavie et la Roumanie. Femmes et enfants. Des hommes accompagnant leur famille et rentrant seuls à la maison. Des femmes qui ont les larmes aux yeux et des hommes ébétés. Tant de tragédies personnelles ! Nous prions et espérons. Dieu sauve l’Ukraine !

Pendant ce temps, la situation à Marioupol estde plus en plus désastreuse. La nourriture est devenue difficile à trouver. Un homme a amené sa seule vache pour fournir de la viande. Un autre a apporté de la farine pour faire du pain dans l’église. La situation est devenue intenable. Le 3 mars j’ai reçu le message que mon collègue Victor avait pu quitter la ville avec un groupe d’enfants, direction l’ouest de l’Ukraine. Il est maintenant dans une autre église avec un nombre variable de réfugiés. Le garage à côté de l’église sera bientôt tranformé en habitation.

Un autre aumônier du port, le pasteur Sergey, distribue également de la nourriture et emmène les gens à la frontière. Il m’a informé que la solidarité au sein de la population est très élevée. Les réfugiés sont aidés autant que possible.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Alors que plusieurs villes sont sous le tir et que l’ennemi avance, les Ukrainiens gardent le moral. J’ai le plus grand respect pour tous ceux qui se sont engagés à aider leurs compatriotes en ces temps difficiles pour le peuple Ukrainien. Cependant, l’espoir reste vivant, comme le disait le pasteur Eduard : un char peut faire un bon tracteur !

Esaïe 2:4 :

Il sera l’arbitre des peuples. Oui, il sera le juge de nombreuses nations. Martelant leurs épées, ils forgeront des socs pour leurs charrues, et, de leurs lances, ils feront des faucilles. Plus aucune nation ne brandira l’épée contre une autre nation, et l’on ne fera plus la guerre.

Nous prions pour tous ceux qui sont touchés par cette violence insensée et cette effusion de sang et espérons qu’elle prendra bientôt fin.

Marc Schippers
Aumônier au Port d’Anvers

https://www.sailors-society.org/

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