OSÉ-JE ?

L’année dernière, à la même époque, je m’activais à rédiger notre lettre de Noël… en toute innocence et ignorance de l’avenir. Bien évidemment, comme chaque fois. Ignorance voulue. Après tout, ce n’était pas la première épidémie dont on nous parlait et, les autres fois, nos amis étrangers avaient l’élégance de ne pas partager avec nous leurs cadeaux empoisonnés !

Curieusement (?), j’avais choisi cette phrase comme illustration de nos vœux : « Faith is the bird that sings when the dawn is still dark » (la foi, c’est l’oiseau qui chante quand l’aube est encore obscure), phrase découverte dans un lodge sud-africain.

 

Curieusement ? On est souvent inspiré sans le vouloir vraiment : Dieu nous souffle des secrets à l’oreille et au cœur et c’est bien plus tard que nous comprenons le poids de ce que nous avons pu dire ou écrire.

 

Toujours est-il que nous traînons derrière nous une année très particulière, sorte de potion amère à avaler chaque jour, poids des nouvelles des malades, des morts, des hôpitaux surchargés, inepties ou infantilisme de certains dirigeants, catastrophe économique où les plus faibles vont encore être laminés. J’en oublie.

 

Donc, cette année, vais-je oser vous la souhaiter bonne ? Et, qu’est une « bonne » année, pour finir ? On a l’habitude de souhaiter une bonne santé. Ben, c’était raté pour 2020. Il aurait peut-être mieux valu penser à autre chose ou alors essayer une formule de vœu de santé plus concentrée ! Et à qui souhaiter une bonne santé ? Que dire aux personnes en maladie grave, chronique, en phase terminale, aux handicapés lourds ?

 

Bonne santé ? Faut-il réellement toujours être en très bonne santé pour éprouver la joie de vivre et profiter des bonheurs qui passent ? Je ne parle pas de souffrances insupportables qui pulsent et martyrisent le corps.

 

Je peux aussi vous souhaiter de voir la réalisation de vos attentes les plus légitimes : travail correct et gratifiant, rencontres enrichissantes, activités culturelles toniques, voyages passionnants, que sais-je encore.

Ah oui. Et à tous ceux qui n’ont accès à aucun de ces privilèges, que vais-je souhaiter ?

 

Peser ses mots. Il en bien question, cette année. Peser ses mots sur la balance de l’amour, de la solidarité, de la délicatesse. Peser ces mots que les amis, connaissances, famille vont recevoir. Comment faire passer un message d’espoir, d’encouragement, de soutien sans tomber dans la banalité, la superficialité ?

 

Laisser Dieu souffler à nos oreilles, devenir ses outils à notre insu ou pas, entendre parler notre cœur, aller plus loin que les mots, passer à l’action solidaire : un coup de fil attentionné et qui écoute vraiment, rendre une visite, donner du temps, partager. Partager le plus possible.

 

Eh bien voilà, j’ai compris, je dois commencer par m’adresser ces vœux à moi-même : d’ouverture, de solidarité, de persévérance, de patience, d’espérance, de foi, d’amour…

J’oserai ensuite, en paix avec moi-même, vous souhaiter une année riche en bonté, dans la confiance que nous ne sommes pas seuls quoi qu’il arrive, une année où les oiseaux chanteront même avant l’aube.

 

Yvette Vanescotte

 

Image : pixabay

Vous cherchez des prières et des méditations ? Jetez donc un coup d’oeil ici.

arrow