PROTESTANTES
Ces femmes remarquables qui ont contribué à façonner l’Église protestante en Belgique et aux Pays-Bas. Par Josiane Tytens, in Kerkbrief, Gand-Centre.
Ce n’est qu’au XXe siècle que les femmes de l’Église protestante de Belgique et des Pays-Bas ont été admises aux fonctions ecclésiastiques, au terme d’un long chemin. Pas à pas, au fil des ans, de nombreuses femmes ont ouvert la voie qui leur a permis d’accéder au ministère de la prédication.
L’évolution au sein de l’Église a changé en même temps que le regard de la société sur les femmes. Ce changement et cette émancipation sont perceptibles dans de nombreux domaines : éducation, église, marché du travail, politique, droit de vote, situation familiale. C’est d’abord l’amélioration (considérable) de l’accès à l’éducation qui a contribué à accroître le rôle des femmes au sein de l’Église et de la société. Traditionnellement, les études de théologie ne pouvaient se faire qu’à l’université, un espace qui est resté longtemps inaccessible aux femmes. Et même après l’ouverture de ces études, la prédication est restée interdite aux femmes. Chaque pas en en direction du ministère féminin était néanmoins important : professeure de religion, missionnaire, membre du consistoire, etc.
Les premières étudiantes en théologie à l’université étaient des pionnières dans l’âme. Mais les femmes protestantes ont également travaillé aux marges de l’Église, parfois de manière inaperçue, pour accroître les possibilités ouvertes aux femmes, en fournissant une éducation, en assumant des tâches diaconales, en s’attaquant aux différences de traitement entre les sexes…
D’abord justifiée par des textes biblique (1 Cor 14:34-35 – 1 Tim 2:11-12), la justification de l’interdiction pastorale des femmes s’est progressivement déplace vers une conception restrictive des rôles, droits et devoirs des femmes : porter les enfants et être au service d’autrui, (mère et épouse, ventre et servante).
Une conception que l’université elle-même embrassait : au début de l’année académique 1920/1921, le recteur de l’Université catholique de Louvain tenait le propos suivant : « nous espérons que les filles ne s’orienteront pas en grand nombre vers des professions qui ne correspondent pas aux fonctions normales que la nature leur assigne dans la société ».
La Première Guerre mondiale marque un tournant décisif. Les femmes jouent alors un rôle plus important dans le domaine public. L’absence de nombreux hommes les conduit à se manifester davantage dans la sphère sociale. Elles créent des groupes de discussion, se mêlent aux débats philosophiques, prennent en charge les cours à l’université et écrivent des articles dans les revues étudiantes. Une nouvelle génération de femmes, convaincues de leurs capacités, fait son apparition et ne lâche pas les acquis.
Ce n’est qu’en 1963 que la Faculté protestante est reconnue (par arrêté royal) comme institution d’enseignement supérieur universitaire. Auparavant, les intéressés devaient donc étudier à l’étranger. En 1964, l’Église protestante de Belgique (prédécesseur de l’EPUB) a décidé d’accorder à deux théologiennes le droit d’être ministres du culte.
Aux Pays-Bas, la chronologie de l’ouverture du ministère aux femmes dépendait du degré de libéralisme de la confession. En 1911, la première femme pasteure a été confirmée dans la Fraternité mennonite. Dans les Églises réformées orthodoxes, cela ne s’est produit qu’en 2020.
Dans une chronique du bulletin paroissial de Brabantdam à Gand, Josiane Tytens prend le temps de raconter cette épopée au féminin : quelles femmes ont ouvert la voie au ministère de la prédication ? Qui ont été les pionnières des études théologiques ? Qui a été la première professeure de religion ? Qui s’est battu pour l’éducation des filles ? Qui a été la première femme pasteure en Belgique et aux Pays-Bas ? Dans l’Église protestante, les femmes ont parfois déplacé un gravillon, parfois une montagne entière. Josiane a gracieusement accepté de nous partager ses textes.
Anne Zernike, première pasteure des Pays-Bas
Image : ideogram AI