Quand vous êtes-vous sentis appelés à devenir pasteurs ? Y a-t-il un événement en particulier qui vous a mis sur cette voie ?
Je m’appelle KONSEIBO Itingré Pacôme, né le 10/02/1988, de nationalité burkinabé, j’ai intégré l’Église Protestante Unie de Belgique en 2021.
Premier enfant d’un pasteur de Burkina-Faso issu d’une grande famille musulmane, ma vocation pastorale est née progressivement suite à ce que j’entendais, voyais et vivais, dès l’âge de 7 ans, à travers le ministère pastoral de mon papa. Étant devenu protestant et de surcroît pasteur avec tout ce que cela pouvait impliquer en matière de foi, de vie et de témoignage, le contexte était très difficile et hostile pour mon père et son ménage. Malgré tout, je le voyais au fil des années manifester de l’empathie, de la bienveillance et rendre service même à ses détracteurs. J’avais aussi l’opportunité de me déplacer avec lui sur sa mobylette lors des sorties d’évangélisation et des camps. J’ai donc grandi dans ce ménage où les maîtres-mots de l’éducation étaient l’amour, la bienveillance et le service. Et mon père me disait qu’il s’agissait de valeurs évangéliques à vivre et à témoigner au-delà des sphères familiale, amicale et communautaire. Plus je grandissais plus je voulais ressembler à mon père ; être pasteur comme lui ; porter fièrement la bonne nouvelle du Christ auprès des gens, les servir avec joie, amour, persévérance, et surtout sans esprit de vengeance et de discrimination. J’ai toujours vu mon père essayer de fédérer tout le monde autour des projets communautaires et d’apaiser les conflits à l’intérieur et en dehors de la communauté. Tout cela me confortait dans ma volonté d’être pasteur en dépit des difficultés qu’il puisse y avoir.
Tout au plus, mes études universitaires en théologie protestante et expériences chrétiennes dans différents pays m’ont aidé à confirmer et à consolider ma vocation pastorale. Et c’est avec joie, humilité et esprit de service que j’entame concrètement le ministère de pasteur au sein de l’Église Protestante Unie de Belgique.
Qui dites-vous que Jésus est ? Comment l’avez-vous rencontré ?
Jésus est mon Sauveur ; il est celui qui, par amour s’est donné à la croix pour que j’aie la vie en abondance (Jn 10,10) par la foi. Pour moi, il est l’ami fidèle qui m’a aimé, m’aime et m’aimera quoi qu’il advienne (Rm 8, 38-39). Grâce à lui je suis devenu enfant de Dieu, bénéficiaire et témoin de son salut.
Ma rencontre et ma foi en Jésus-Christ ont été faites à travers ce que j’ai entendu, vu et vécu dans le ministère pastoral de mon père durant mon enfance et adolescence. En Rm 10,17, il est dit que « la foi vient de ce l’on a entendu en provenance de la parole du Christ ». La mienne s’inscrit dans cette conviction paulinienne, car je n’ai pas cru en Jésus, parce que tout simplement j’étais fils de pasteur, mais plutôt, parce que, en écoutant et observant mon père, j’ai su discerné les paroles et les gestes du Christ, qui m’ont ouvert le chemin de la rencontre personnelle avec lui. Aussi, la lecture de la Bible m’a aidé à mieux connaître Jésus et a renforcé mon désir de le rencontrer, et d’aller à sa suite.
Et votre paroisse (si vous en avez déjà une) qui dites-vous qu’elle est ? Comment la rencontre et le cheminement se sont-ils passés ?
Je suis élu pasteur de la paroisse EPUB de Courcelles dans le district du HONL. Il s’agit d’une communauté de personnes professant la foi protestante ou sympathisant avec elle. Outre le fait qu’elle soit un lieu de travail dans le cadre de mon ministère pastoral, cette paroisse est pour moi un lieu d’édification et de ressourcement tant spirituelle qu’humaine.
C’est là que j’ai effectué ma deuxième partie de proposanat, qui s’est achevée au bout de 6 mois, mais qui a débouché d’un commun accord sur mon élection au poste pastoral pour un mandat de 5 ans dont le renouvellement ou non se fera tout de même par un accord mutuel.
Les 6 mois de proposanat ont permis de se découvrir, de mieux se connaître, de discuter et d’entamer ensemble une collaboration basée sur la confiance et le respect.
Faites-vous un lien entre votre vie familiale et votre vie pastorale ? Est-ce facile de combiner les deux ?
La vie pastorale est professionnelle tandis que la vie familiale est personnelle. S’il est important de savoir faire la part entre les deux, il est tout de même indispensable de pouvoir les articuler, car elles participent à l’épanouissement humain et spirituel du pasteur. Certes, il n’est pas facile d’articuler les deux, mais c’est avant tout une question d’organisation, qui favorisera l’accomplissement correct du cahiers pastoral des charges et le respect de l’engagement familial.
Comment vous sentez-vous à l’approche de la consécration ?
Je me sens très heureux à l’approche de la consécration sans pouvoir m’empêcher de penser à ce parcours long et parfois difficile. Il y a à la fois un sentiment de responsabilité et de fierté. D’une part, la consécration me confère officiellement une charge pastorale à assumer de façon responsable et professionnelle, d’autre part, elle me rend fier de mon cheminement avec Christ ainsi que mon parcours académique dans différentes facultés universitaires et ecclésial au sein de l’EPUB marqué de confiance, de résilience et de persévérance.
Comment voyez-vous votre poste de pasteur ? Avez-vous aujourd’hui des souhaits particuliers pour votre avenir pastoral, des projets à partager ?
Mon poste de pasteur est à la fois vocationnel et professionnel. Je me suis senti appelé au ministère pastoral, j’ai discerné et accepté cette vocation. Je m’engage notamment au sein de l’EPUB en sachant l’importance de la dimension professionnelle et ses implications (cahiers des charges, respect des textes, déontologie, engagement supra-local etc.).
Je souhaite la croissance de l’engagement spirituel et diaconal, et de la solidarité au niveau local et supra-local au sein de l’EPUB.