S’il y a bien un lieu où la manifestation de la solidarité est apparente c’est l’hôpital. Déjà très rapidement se tisse une solidarité entre patients : on s’encourage et se soutient l’un l’autre de sorte que bien souvent, pour le moral du patient, il vaut mieux être dans une chambre à 2 lits que dans une chambre privée. Si, dans la proximité de l’hôpital, existe un hôtel hospitalier pour les familles, là aussi, très vite, on assiste à des liens de solidarité qui se manifestent non seulement par des paroles d’encouragements ou de consolation mais aussi par des gestes concrets tels que partager un repas, offrir un cadeau à un enfant ou encore aller faire une petite course pour l’autre.
Mais bien sûr, il y a aussi la solidarité qui vient de l’extérieur de l’hôpital : c’est-à-dire les visites. Jésus lui-même attire l’attention sur l’importance de visiter les malades en disant que visiter un malade c’est le visiter Lui-même (voir Matthieu 24). Et ainsi dans la plupart de nos Églises, il y a une équipe visite au bénéfice des membres d’Églises qui sont hospitalisées ou dans des homes. Et c’est une très bonne chose.
Mais notre solidarité devant Dieu devrait dépasser les limites de la visite à ceux que nous connaissons pour aller – au nom de notre Père céleste – visiter ceux que nous ne connaissons pas. C’est là le travail de l’aumônerie hospitalière.
Une image que j’aime beaucoup pour expliquer la visite est à l’hôpital est celle du compagnon. Le compagnon est un mot qui nous vient du Moyen Âge, au temps des chevaliers, où le compagnon était celui avec lequel on partage le pain (com-pagnon). Cela demandait une relation de confiance puisque, pour s’asseoir à la même table, les chevaliers étaient obligés de se désarmer, leur épée prenant trop de place. De même quand nous visitons quelqu’un, quand nous l’ac-com-pagnons à l’hôpital, nous partageons avec lui le pain qu’il veut bien nous offrir. Ce n’est évidemment pas le bon pain de la Sainte Cène, au contraire c’est bien souvent un pain de douleurs mais finalement n’y a-t-il pas dans cette solidarité et ce partage de la douleur aussi quelque chose d’une Sainte Cène ? Parce que c’est bien à ce moment-là que nous reconnaissons comme frères et sœurs en Christ (ou à tout le cas en humanité si la personne visitée n’est pas chrétienne). Et une telle confiance de la personne visitée, vulnérable et désarmée dans sa position de souffrant est toujours un immense cadeau pour le visiteur.
Ainsi, accepter d’être solidaire avec la personne souffrante est bien souvent quand on sort de la chambre une source de joie et de paix profondes pour le visiteur malgré la situation parfois très lourde vécue par la personne visitée et son entourage.
Ceci est une solidarité à la taille que la plupart d’entre nous. Faisons-on en l’expérience en allant visiter un membre de notre communauté et puis osons-nous nous tourner vers la personne souffrante inconnue.
Et, au fond, pourquoi ne pas essayer tout de suite ? Parce que, comme le disait Rabbi Hillel l’Ancien : « Si je ne suis pas pour moi, qui ne sera ?
Si je ne suis que pour moi, que suis-je ?
Et si pas, maintenant quand ? ».
Comment faire pratiquement ? Remplissez la candidature qui se trouve ici sur le site ou demandez-la-moi par courriel joelle.maystadt@uclouvain.be). Et vous entrerez ainsi dans une aventure dont vous pouvez imaginer la richesse et la joie qu’elle apporte devant Dieu et devant les hommes.
Oui, solidarité et joie vont de paire et réduisent significativement toute souffrance car la solidarité est paradoxalement une réponse très efficace à notre impuissance devant certains événements douloureux et traumatisants.
Joëlle Maystadt