Témoins de la foi – “Héros du quotidien”

Mon épouse s’appelle Françoise Caullery; elle est la petite-fille du pasteur D-L Zorn.

Durant la seconde guerre, son épouse et lui ont décidé de cacher un enfant juif, Julien. On sait combien c’était dangereux car c’était au prix de leur vie. Leur fille devait dire que c’était son cousin.

Bien des années plus tard, lors des funérailles de Monsieur D-L Zorn, ce ’rescapé’ nous a fait l’honneur de se faire reconnaître parmi une foule immense.

Après la guerre, il a fallu beaucoup insister pour que Monsieur Zorn réponde à une invitation afin de recevoir une médaille car, disait-il ‘Nous ne l’avons pas fait pour cela!’ Malheureusement cette médaille est introuvable, aujourd’hui et son nom ne semble pas avoir été inscrit au Musée Yad Vashem à Jérusalem… Nous ignorons pourquoi! Si Monsieur et Madame Zorn avaient été pris, je ne serais pas là pour vous en parler, car je n’aurais pas pu épouser leur petite-fille…

Fr. Bernard

District Hainaut Namur Luxembourg


Je me souviens de Roger Puis, décédé à l’âge de 96 ans. Le véritable héros de l’histoire de sa vie était Jésus. Roger venait d’une famille de marins. Son père s’était enfui en Angleterre avec son fils en mai 1940 pour éviter le travail forcé en Allemagne. Roger, adolescent, s’est inscrit peu après à un entraînement militaire en Écosse. Avec du sang de marin dans les veines, il n’était pas surprenant qu’il participe au débarquement en Normandie, en juin 1944 – il travaillait dans la salle des machines. Il a à peine 18 ans quand son navire essuie une attaque de torpilles allemandes.  Alors que des centaines de marins périssent, sa vie est miraculeusement préservée. Cette expérience le marquera à vie. Le dimanche de la Pentecôte, le 6 juin ( !) 1965, Roger et son épouse font leur profession de foi dans l’église évangélique de Dendermonde. Sans plus de chichis, il mena une longue vie de gratitude. Sa foi fut d’ailleurs remarquée par ses enfants et ses petits-enfants.

Past. Peter Smits

District des Deux-Flandres


En participant à l’éducation d’un chien d’assistance, j’ai rencontré de vrais héros : des enfants et des adultes légèrement ou lourdement handicapés, et leurs familles. Bien sûr ce sont des héros car ils luttent à chaque instant pour vivre, pour être autonomes, pour avoir leur place dans notre société. Et puis, alors qu’ils sont eux-mêmes en grande détresse, ils trouvent la force de se tourner vers les autres, de se soutenir les uns les autres. L’une fait des vidéos publiques pour informer sur son handicap invisible. Un autre se bat pour que son école s’adapte. Les aînés encouragent les jeunes, d’une petite blague… Beaucoup doivent défendre le seul fait d’être accompagnés d’un chien d’assistance qui leur est indispensable*.
On m’a beaucoup dit : « Oh, vous formez un chien ? Bravo ! »
Mesdames, messieurs, donnez plutôt votre admiration à ces héros et leurs familles qui doivent, à chaque heure, trouver des astuces pour les gestes simples de la vie quotidienne !

Past. Marie-Pierre Tonnon

District de Liège


 

Après la Seconde guerre mondiale, mon grand-père, Jean Joussellin, n’a accepté aucun honneur, sauf la Médaille des Justes. Durant la guerre, pasteur de la Mission Populaire à la Maison Verte de Montmartre, il a créé le Centre Protestant des Colonies de Vacances. Ainsi, il a pu, avec ma grand-mère – Yvonne Massat – mettre sur pied une colonie qui a duré 2 ans et a permis de sauver 82 enfants juifs.

Ni lui ni sa femme n’ont eu le sentiment d’avoir été des héros. Ils ont simplement accompli leur devoir en faisant ce qui était juste à leurs yeux. Devoir et juste, deux termes qui condensent cette ligne d’action. C’est pourquoi, il était fier d’avoir son nom au Mur des Justes à Paris et son arbre au Yad Vashem de Jérusalem.

Détail qui n’a rien à voir… encore que… aucun membre direct des familles de ces 82 enfants n’a été touché par la Shoah. Ça, il ne se l’expliquait pas.

Past. Bruneau Joussellin

District du Brabant Francophone


 

Des héros dans la région ? Je ne trouve pas ça difficile à trouver du tout. À Turnhout, nous disposons depuis des années de la Plateforme œcuménique de consultation sur les réfugiés (VLOT). Du côté catholique, des membres du groupe dit de Marrakech y siègent : il s’agit d’un groupe de neuf volontaires qui consacrent de nombreuses heures à l’accompagnement des réfugiés, inspirés par le texte biblique “Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait…” (Matthieu 25:40). Ce petit groupe a déjà accompagné au moins 250 réfugiés. Ce que je trouve remarquable, c’est l’abnégation : se mettre entièrement au service de personnes que l’on ne connaît pas, sans distinction de foi, de race, de langue ou d’origine. Le responsable du groupe Paul Proost a d’ailleurs été honoré comme l’un des 50 “héros du quotidien” par le Palais Royal l’année dernière. Une grande source d’inspiration dans mon entourage immédiat.

Past. Marcel Pool

District Anvers Brabant Limbourg


 

Le pasteur Claude Godry a pris sa retraite en juillet dernier.

Dans ma jeunesse, pourtant passée dans les Assemblées de Frères, j’entendais déjà parler de celui qu’on surnommait le Guy Gilbert protestant.

J’ai ensuite mieux appris à le connaître à travers son engagement pour l’ESOP, où il s’implique à tous les niveaux, du Conseil d’Administration aux collectes de vivres, sans oublier les déménagements et vide-maisons.

A chaque manifestation EPUB, Claude compte parmi l’équipe du stand ESOP. Il vend des livres, récolte des fonds, explique sans relâche le fonctionnement de l’association, les nouveaux projets, les travaux en cours…

Quand la guerre a éclaté en Ukraine, il n’a pas hésité à accueillir une famille de 5 personnes au presbytère, ne reculant devant aucune contrainte. Depuis, dans notre district, nous nous sommes habitués à le voir accompagné de sa petite troupe.

Je tenais à le mettre à l’honneur dans ce numéro consacré aux héros du quotidien – même si je sais qu’il n’appréciera pas du tout – lui grâce à qui le monde est un peu moins sombre.

Sophie Vertenoeil

District du Hainaut occidental

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