Travaillez, prenez de la peine :

C’est le fonds qui manque le moins. »

 

Merci Jean (de La Fontaine) pour cette belle fable du laboureur et de ses enfants. C’est le moment, les amis, de retourner vers vos classiques pour la relire tranquillement et en tirer la « substantifique moelle ».*

 

Mais qui a bien pu inventer le boulot ?

Bien des gens pensent qu’il est une punition, résultat de la désobéissance d’Eve et d’Adam, narrée au début de la Genèse.

Allons-y voir. Si je lis bien, c’est Dieu qui s’y colle, en réalité, en plantant un jardin en Eden, du côté de l’Orient. Non seulement, Il plante, mais fait pousser du sol toutes sortes d’arbres beaux à voir et bons à manger…

Bon, je voudrais vous y voir, vous, à planter un nouveau jardin : il faut de l’huile de coude, du courage et de la persévérance pour accomplir ce genre d’exploit. En plus, il fait pousser, ce qui n’est pas à la portée des jardiniers amateurs que nous sommes.

Oui, je sais, il y a les engrais, les tunnels de forçage, les serres et autres moyens inavouables pour activer les choses, mais pas moyen de tirer sur les tiges pour les faire grandir, je l’ai appris d’expérience depuis l’enfance, quand je semais des haricots dans de l’ouate pour les regarder (mille fois chaque jour) pousser bien trop lentement à mon goût.

 

Je m’égare, revenons à nos moutons : le travail n’est pas une punition, c’est acquis.

Mais alors quelle est la punition ?

… « Le sol sera maudit à cause de toi, c’est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie, il te produira des épines et des ronces, et tu mangeras de l’herbe des champs. C’est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes à la terre… »

Et voilà le gâchis ! Par sa désobéissance, l’humain a récolté l’amertume de voir ses efforts couronnés d’épines (!). Suer, se coltiner des heures de culture en plein soleil pour finir par devoir brouter l’herbe…

Si tu veux manger du pain, il va falloir y mettre un plus grand coup encore !

Voilà le tableau. Navrant.

 

N’oublions pas quand même que ce récit est symbolique et veut donner une explication au fait que les résultats ne correspondent pas souvent à l’investissement en temps, forces, énergies : s’il en est ainsi, c’est que cela a dû foirer quelque part et, au fond, Dieu avait mis du sien pour que tout marche bien. Il faut chercher ailleurs !

 

Je n’ai pas envie de rester coincée là.

Un certain Jésus est passé par là, qui raconte Dieu en semeur-gaspilleur de graines, semant à tous vents, dans tous les sols, espérant voir germer les fleurs de la foi, de la bonté, de l’amour, du Royaume dans les cœurs.

Si Lui a pu semer ainsi, en dépit du bon sens, que ne puis-je suivre Son exemple, en retournant, bêchant, grattant, désherbant, semant, arrosant, luttant contre les prédateurs divers, avec une espérance increvable et un optimisme indéfectible, en retirant du plaisir et de la joie à voir les résultats même minimes, suite aux efforts accomplis.

 

Les enfants du laboureur sont allés retourner le champ : un trésor est caché dedans ! Papa l’a dit avant de mourir. Il n’a pas pu nous mentir quand même !

Et je te retourne, et je turbine, et je me crève… Tant et si bien que le champ porte plus !

 

« D’argent, point de caché. Mais le père fut sage

De leur montrer avant sa mort

Que le travail est un trésor. »

 

Alors… on s’y met, les gars ?

Et vive la fête du travail !

 

Yvette Vanescotte

 

*Rabelais (tout le monde sait ça ! Mais quel était son prénom ?)

 

Image : pixabay

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