Une espérance et un héritage

Les temps de repos sont propices à la fois à la réflexion et à l’action. Trier, ranger, voir plus clair… se rendre compte que le rythme de nos vies ne nous laisse pas toujours la possibilité de vivre nos convictions et que nous nous laissons submerger par les soucis immédiats.

Vient alors le temps de l’aspiration au changement et des résolutions.

Le fait d’être croyant.e ne nous dispense pas de ces remises en question régulières; bien au contraire, il nous y encourage.

 

Dans les difficultés

 

Dans la dernière partie du premier siècle, choisir de devenir chrétien pouvait être lourd de conséquences. La première lettre de Pierre, qui s’adresse à des chrétiens souvent malmenés socialement, en témoigne. Désignés comme des étrangers, des immigrants, leur statut est précaire. L’auteur de cette lettre veut donc les encourager à vivre leur foi dans un contexte païen indifférent ou hostile. Il ne faut pas s’effacer socialement mais bien tenir son rôle en tant que chrétien dans la société. Le courage dont il est question n’est pas n’importe quel courage, c’est un courage d’être : un courage lié à la fidélité à ce que nous sommes, à notre vocation, un courage lié à la vie, à la puissance de vie que Dieu nous donne.

 

Ce courage s’enracine dans une espérance et un héritage, deux signes de l’amour de Dieu pour nous selon l’auteur de la lettre en son premier chapitre. Notre vie est déjà éclairée, nous pouvons déjà lutter contre l’absurde et le mal parce que nous sommes portés par une espérance : Dieu a ressuscité son fils Jésus-Christ.

Ce faisant, il nous a donné une nouvelle existence, c’est-à-dire une qualité de vie qui permet d’avoir les ressources pour lutter contre les épreuves parce qu’elle sait que tout ne se limite pas au regard humain, et que lorsque nos yeux se ferment, ce n’est pas le vide qui nous attend mais bien un amour qui nous a déjà accompagné et porté durant cette vie terrestre et que nous recevrons alors pleinement en héritage.

 

Tenir dans la durée

 

La lettre de Pierre nous invite à réfléchir à ce qui nous fait tenir dans la durée. Les notions d’espérance, d’héritage et même de “mise à l’épreuve de notre foi” questionnent notre rapport au temps et notre ténacité. Et ce n’est pas rien dans une société qui privilégie souvent le prêt à jeter, l’obsolescence programmée.

 

L’espérance, contrairement à l’espoir qui dépend des circonstances extérieures et compte ses chances, refuse de se laisser balloter. Elle nous invite à fixer notre regard sans dévier au-delà des circonstances présentes sur un avenir possible, positif et à construire.

L’héritage, c’est ce que nous ne possédons pas encore mais que nous acceptons de recevoir. Un saut dans l’inconnu qui nous fait vivre aujourd’hui déjà de sa promesse mais qui évoque aussi la dé-maîtrise, le décalage. Il y a un temps à accepter, pas “tout, tout de suite”.

Enfin, cette foi “mise à l’épreuve” (1 Pierre 1, 7) met l’accent sur une dimension que notre société tend à vouloir éliminer : la souffrance. Apprendre “sans peine”, recevoir une maison “clef en main”… autant de promesses qui tentent de dissimuler l’effort, l’échec, le travail sur soi, le temps nécessaire à l’apprentissage et aux décisions difficiles.

 

“Une fois que vous êtes vraiment mis au défi, vous trouvez quelque chose en vous. L’être humain ne sait pas de quoi il est capable jusqu’à ce qu’on lui demande” écrivait l’ancien secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan récemment décédé.

C’est dans l’amour infini de Dieu, sa fidélité à toute épreuve, son acceptation inconditionnelle que nous pouvons puiser la confiance malgré les difficultés, le courage de tenter les changements nécessaires et de persister dans nos résolutions.

 

Laurence Flachon

 

 

 

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