Une violente douceur

Nous avons reçu le feu vert pour la reprise de la célébration des cultes. Un feu vert, ou plutôt, un feu orange… Vous savez, cette petite lampe parfois clignotante qui vous dit : «Passez, mais attention, danger !»   Ce feu orange qui vous met devant un choix: «Est-ce que c’est mieux de freiner et de s’arrêter un peu, ou est-ce que c’est mieux d’accélérer et de passer le cap périlleux… ?»

Nous sommes devant ce feu orange. Les consignes sont drastiques et officielles. Elles n’ont pas été écrites pour notre communauté, elles ont été rédigées pour toutes les communautés de tous les cultes reconnus, avec tous leurs rites, sacrements, traditions et usages, pour les petites comme pour les grandes assemblées.

Fraternité et élan de la foi vont devoir composer avec une distance salvatrice, un masque obligatoire (Dieu, qu’on n’aime pas ces mots !), un lavage de mains, et un cantique silencieux chanté non pas du fond du cœur mais au fond du cœur. Et puis, en totale contradiction avec l’Évangile, il nous faut calculer un nombre restreint de participants !

Toutes ces barrières vont-elles nous empêcher de rendre grâce au Seigneur et de Lui célébrer le culte qui Lui est dû ? Pastoralement, j’ose espérer que non ! Notre feu orange nous permet de bien réfléchir, à la fois chacun individuellement pour nous-mêmes et pour les autres, et puis communautairement.

Le Seigneur nous invite à le rejoindre, mais nous avons cette chance protestante de pouvoir le rejoindre dans l’intimité de nos foyers : il n’y a pas d’obligation à se rassembler, mais un choix libre et responsable.

Ainsi, nous avons le temps ‘de l’orange’ pour organiser un accueil reflétant l’amour de Dieu et l’amour que nous voulons manifester les uns envers les autres. Et les petits feux verts vont s’allumer, au cours des jours et des semaines à venir, soyons-en sûrs!

Que celles et ceux qui s’étonneraient d’une éventuelle lenteur de notre reprise sachent bien que dans cette violente douceur se niche tout l’amour de votre consistoire et de votre pasteur, et tout le soin que nous voulons prendre de la communauté! En attendant que tous les feux passent au vert, prenez soin de vous, de vos proches et de tous ceux qui s’approchent!

Pasteur Marie-Pierre Tonnon-Louant

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