Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre

Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.

 

Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre.

C’était au commencement. Big bang, explosion de matière, couleurs. Musique céleste ou grand silence, comme une parole jetée aux confins du néant par la Souffle, élan vital.

Joie du commencement, avant même toute chose, Joie du souffle, frétillant de créer.

Tout est à naître, tout est à vivre, tout est à venir.

Déjà germe et puissance, Joie concentrée.

Parole. Dire. Dieu dit.

Que la lumière soit !

Et la lumière est. Ordre du jour, ordre de la nuit. Ordre du temps. Viendront les semaines, les mois, les saisons…

Mais te voici, toi, il n’y a plus de saisons.

Te voici, toi, dans la main du jour blême où les saisons se meurent.

Oui, au commencement Dieu vit que la lumière était bonne, et il sépara la lumière des ténèbres.

La parole a porté le temps, mais tu as voulu en être le maître, et tu t’es mis à courir vers la limite des ténèbres.

Alors il n’y a plus que le vide et le chaos, la peur, quand nous voyons les jours dévorés par l’ombre des tornades, le grand ciel noir où le vent chasse nos immondices. Quand nous voyons le temps hurler entre les plinthes et nos murs s’envoler.

Et le jour et la nuit qui étaient bons ne sont plus que la maison de nos cauchemars.

Au commencement, Dieu dit : Qu’il y ait une étendue entre les eaux pour les séparer. Dieu sépara les eaux d’en-dessous de l’étendue des eaux d’au-dessus. Puis Dieu dit : Je veux que les eaux d’au-dessous du ciel se rassemblent en un seul endroit afin que la terre ferme paraisse. Et ce fut ainsi. Dieu appela « terre » la terre ferme, et « mer » l’amas des eaux. Et Dieu vit que c’était bon.

Et c’était bon, mais toi, humain, n’as pas pu prendre la mesure de la fragilité du monde.

Inondations, fleuves en crue, fonte des glaces, montée des eaux.

A perte d’îles le monde frémit.

Te voici, toi, dans la main du jour blême dans la boue et les débris.

Et tes enfants pleurent.

Au commencement, Dieu dit : Que la terre se recouvre de verdure.

Et toi, tu hérites d’une terre épuisée.

Monocultures, brevetage du vivant, déforestations, incendies, perte infinie de la diversité, pertes irréparables, légumes oubliés jusqu’à la mort, serres plastiques, tomates d’eau, dévastation.

Feux de forêts, hectares en fumée, pluies de cendre, odeur de cadavre.

Paysans chassés, exploités, achetés, affamés.

Forages.

Au commencement, jours de semences et jours de fruits. Dieu dit, Dieu vit, et c’était bon.

Et toi, poussière d’étoiles, qu’as-tu fait de ton destin ?

La terre vivante, la terre meurt, épuisée.

Nuit de déni. Nuit de deuil.

Tout ce qui s’éteint.

Devant toi : la terreur.

Au commencement, Dieu dit : Que les eaux foisonnent d’une multitude d’animaux vivants, et que des oiseaux volent dans le ciel, au-dessus de la terre !

Grands animaux marins et tous les êtres vivants qui se meuvent et foisonnent dans les eaux, et tous les oiseaux ailés selon leur sorte,

Féconds, multiples et bénis.

Bénis de Dieu

Bestiaux, reptiles et insectes. Bêtes sauvages. Et animaux humains.

Féconds, multiples et bénis.

Bénis de Dieu

Mais toi, l’humain, industrieux, industriel, un jour tu as oublié ta place au coeur du monde.

Te voici, toi, dans la main du jour blême où les abeilles s’éteignent.

Où tout s’éteint, espèce après espèce.

Les technologies ont tout dévoré.

Il est tard.

Presque trop tard.

Mais presque.

Il est temps encore il est temps encore il est temps encore…

De prendre acte et action pour la création.

Avant que le monde blessé se referme, et que redevienne le chaos

informe et vide

Comme avant le commencement

Et qu’il n’y aie plus de la Parole que la souffrance de Dieu.

Il est temps encore il est temps encore il est temps encore…

De prendre acte et action pour la création.

De limiter les dégâts.

Et de partager à nouveau le grand chant primal du monde.

Il est temps encore il est temps encore il est temps encore…

de prendre soin de ce qui est bon.

Guérison de terre, d’air, d’eau, souffle.

Et Dieu verra encore combien cela est bon.

 

 

Genèse 1 & COP 26 en résonnance.

Pasteure Françoise Nimal, Verviers, automne 2021.

 

Image : pixabay

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