Dans la vie Bénédictine, saint Benoît à la suite du Christ, nous propose un art de vivre en nous posant la question suivante : « Si tu veux la Vie, et désires voir des jours heureux, prête l’oreille de ton cœur… ». Il s’agit de l’écoute que Dieu demande à son peuple Israël. « Écoute, Israël, si tu veux la Vie… ». Nous sommes d’emblée mis dans une relation de dialogue, où amour et vérité se rencontrent.
Cette injonction de saint Benoît fait en premier lieu appel à notre intériorité, notre être profond où nous habitons avec nous-même. Là, si nous y écoutons l’Esprit de Dieu, il nous fera quitter notre ego narcissique pour entrer dans une relation d’altérité avec Dieu. Il nous aidera à faire la part des choses entre la lumière et les ténèbres qui nous habitent. Le professeur Antoine Vergote, dans un de ses cours de Psychologie de la Religion, nous disait que si nous acceptons cette bi-polarité intérieure, nous devenons libres et en bonne santé humaine et spirituelle. Paix et joie intérieures en résulteront, car nous nous situerons humblement à notre juste place envers Dieu et les autres. Cette reconnaissance de nos limites demande d’être bienveillant envers nous-même et non puriste et légaliste. Et elle s’étendra aux membres de notre communauté et à toute personne que nous rencontrerons. Didier Van Cauwelaert, dans son livre « La bienveillance est une arme absolue », montre avec humour et des exemples pertinents, que cette bienveillance s’étend par osmose au cosmos et à la nature toute entière, comprenant la faune et la flore.
Ce travail intérieur de conversion et de recherche de la lumière est celui de toute notre vie. Il nous ouvre avec plus de discernement à la rencontre des autres et à la contemplation du monde d’aujourd’hui, dont nous faisons partie.
J’avoue être quelque peu mal à l’aise, lorsqu’une personne m’aborde en disant : ‘Alors vous êtes un « Ordre Contemplatif, etc.. » ‘. Saint Benoît n’utilise pas ce langage. Il nous exhorte à prier et à travailler là où nous vivons, en communion avec l’Église locale, et à accueillir avec respect et bienveillance les hôtes qui frappent à la porte du Monastère, « comme une visite du Christ lui-même ».
La prière et les psaumes scandent la journée et nous aident à lâcher notre travail quotidien.
Les psaumes du matin, sont une louange et une contemplation de la création qui s’éveille, et ceux du soir sont plutôt des psaumes d’intercession pour tous nos frères et sœurs du monde entier, qui luttent pour plus de justice et de fraternité dans le monde. Dans les différents monastères de notre Congrégation nous sommes bien confrontées à ces réalités.
Nous aimons beaucoup participer au Culte de nos frères et sœurs protestants de Rixensart. Leur connaissance biblique et le dynamisme dans leurs chants sont une vraie communion dans la joie. Et cette année, à l’occasion d’une famille en détresse, nous avons vécu avec les membres du Consistoire une solidarité et entraide laborieuses, qui ont porté ses fruits.
En les remerciant pour cette collaboration, je citerai un passage d’un hymne de Berthier, dans « Versant du jour » : « Et jusqu’au soir le travail et la prière vont ensemencer notre journée. Car Dieu nous fait voir notre vie passagère comme un sillon, où l’avenir doit germer».
S. Bénédicte de Brouwer
In Courants, Novembre-Décembre 2021, paroisse de Rixensart
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