Changement climatique – les églises s’engagent

Les inondations dramatiques et meurtrières qui ont frappé certaines parties de l’Allemagne et de la Belgique en juillet 2021 ont montré une fois de plus que le changement climatique est réel et qu’aucune partie du monde n’est à l’abri de ses effets. Le réchauffement de la planète est depuis longtemps une préoccupation majeure des églises du monde entier. Les organismes régionaux et mondiaux dont est membre l’EPUB (tels que la Conférence des Eglises européennes et le Conseil œcuménique des Eglises) ont lancé de nombreux appels au fil des ans. Au sein de l’Église catholique romaine, l’encyclique Laudato Sí joue un rôle important dans la réflexion et l’action sur le changement climatique.

L’EPUB est également consciente que le changement climatique est l’un des plus grands défis de l’humanité. Nous savons en outre que cette problématique est indissociablement liée à de nombreux autres problèmes tels que le fossé (croissant) entre les riches et les pauvres, la santé, la migration, les relations de pouvoir et, en somme notre mode de vie. C’est pourquoi le concept de “justice climatique” est une véritable pierre d’angle pour évaluer les solutions proposées dans la lutte contre le réchauffement de la planète. La question centrale est de savoir comment nous pouvons donner forme à “la vie dans toute sa plénitude” (Jean 10:10) pour tous les peuples de la terre, maintenant et à l’avenir.

L’attention portée au sein de l’EPUB à la question du changement climatique a pris un nouveau tournant en 2014 lorsque l’Assemblée synodale a décidé d’instaurer un dimanche de la Création. Depuis lors, le groupe de travail de l’EPUB Église dans la Société (EDLS) prépare chaque année du matériel liturgique à l’usage des paroisses pour le dimanche de la Création.

En 2020, à l’occasion de ce dimanche de la Création, le président du Conseil synodal a envoyé une lettre pastorale à toutes les paroisses de l’EPUB. Il y rappelle que si les tendances actuelles se poursuivent, cela aura des conséquences catastrophiques dans le monde entier, notamment pour les personnes les plus vulnérables. “Après tout, [ces personnes] vivent souvent dans des zones où les risques d’inondation ou de sécheresse majeure sont les plus élevés. Dans le même temps, ceux qui contribuent le moins au réchauffement de la planète sont souvent ceux qui souffrent le plus de ses effets. Cela montre que la lutte contre le réchauffement climatique est une question de “justice climatique” : ce sont les épaules les plus solides qui devront supporter la charge la plus lourde des changements nécessaires. La transition vers une société durable et à faible émission de carbone doit être une transition juste. Seule une politique équilibrée et équitable peut susciter le soutien nécessaire pour prendre les mesures drastiques qui s’imposent (…). Le réchauffement climatique est un défi à la fois matériel et spirituel. Après tout, il s’agit fondamentalement de la question de la place et du rôle de l’homme dans la création de Dieu. Quelle est notre responsabilité envers nos semblables, proches ou lointains, aujourd’hui et pour les générations futures ? Que signifie pour nous le fait que la terre appartient au Seigneur (Ps. 24.1) ? Comment faire face au commandement de Dieu de prendre soin de cette Création (Gen. 2:15) ?”

 

Une Assemblée synodale thématique

Dans la mois qui viennent, l’attention portée au changement climatique s’intensifiera au sein de l’EPUB. En mars 2022, par exemple, une assemblée synodale extraordinaire sera entièrement consacrée aux défis auxquels nous sommes confrontés en tant qu’Église et en tant qu’humanité dans son ensemble, dans notre volonté de préserver la Création de Dieu pour les générations actuelles et futures. Au cours de cette session, nous entendrons des témoignages sur les effets de la crise climatique, de près ou de loin, pour les jeunes et les moins jeunes. Nous réfléchirons en quoi le changement climatique est un point d’attention de notre foi chrétienne. Quelle est notre tâche en tant qu’intendants et collaborateurs de Dieu (Genèse 2.4-7) ? Devons-nous reconnaître notre culpabilité pour des années de responsabilité partagée dans la “guerre contre la Création”, comme l’a appelée l’archevêque anglican Justin Welby ? Pouvons-nous considérer cette “guerre” comme un “péché” ? Comment donner forme à une conversion qui suit un aveu de culpabilité ? La menace du réchauffement climatique et la destruction de la création qui en découlent sont-ils une question qui touche au cœur de notre foi ? Un “status confessionis” ?

Quoi qu’il en soit, l’Assemblée synodale extraordinaire marquera le début d’un processus au cours duquel nous, chrétiennes et chrétiens, serons invités à réfléchir attentivement à la manière dont nous pouvons engager notre foi à la préservation de la précieuse création de Dieu. Que pouvons-nous faire en tant qu’individus, en tant que membres de l’Église, en tant que consommateurs, en tant que membres d’organisations de la société civile, dans les affaires et en tant que citoyens (votants) ?

 

Choisir la vie

La situation est très grave. Le rôle de bon samaritain ne suffit plus. Des changements structurels profonds sont nécessaires pour éviter de faire de nombreuses autres victimes en cours de route. Chaque crise appelle un choix. Nous devons décider du type de monde que nous voulons laisser aux générations futures. Nous pouvons ici être guidés par le commandement de Dieu : “Choisis pour la vie, pour ton avenir et celui de tes descendants” (Deutéronome 30:29,20).

 

Rob van Drimmelen

Groupe de travail Église et Société

 

Image : La chapelle du Centre Protestant de Nessonvaux après les inondations du 14 juillet 2021, conséquences du changement climatique. Copyright : CentreProtestantdeNessonvaux

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