Droits humains et migrations
2022 sera-t-elle une année de changements ?
Au moment où j’écris cet article, l’année 2022 vient de commencer. J’ai devant moi les premiers journaux de la nouvelle année avec toutes sortes de bonnes idées, de résolutions et de plans d’actions. Entre tout cela s’intercalent des images de 2021 qui ne peuvent cacher les nombreuses situations qui prennent un mauvais tournant. Nous espérons que cette nouvelle année apportera un début de solution durable pour un certain nombre de crises, comme pour notre santé, le climat et, si nous osons élargir un peu notre horizon, par exemple pour la pauvreté dans le monde, les guerres en Afghanistan, en Syrie et en Ethiopie. Une réalité qui nécessite des engagements sincères et des actes courageux. Il en faudra beaucoup.
“Je m’accroche à ceci : si une situation est complètement désespérée, il y a une chance que quelque chose de nouveau apparaisse. » Ramsey Nasr
Nous avons connu une crise similaire dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale. Comment continuer après un tel choc, après la violence écrasante de la guerre ? Des personnes déplacées et déracinées errant dans un paysage de décombres, de méfiance, de rêves et de certitudes perdus. Mais il en est émergé une prise de conscience et l’espoir que cela ne se reproduise plus jamais. C’est ainsi que la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (DUDH) a été rédigée et signée par 56 pays en 1948. Dans le même esprit, la Convention de Genève sur les réfugiés est née en 1951. Elle décrit l’aide sur laquelle les réfugiés peuvent compter s’ils doivent quitter leur pays en raison de leurs convictions politiques ou religieuses, de leur ethnie, de leur nationalité ou de leur appartenance à un groupe social particulier.
C’étaient là de bons projets et de bonnes intentions. « Un vœu pieux, dira le critique, il suffit de lire l’article 25 de la DUDH, par exemple, pour savoir que la réalité de bien des gens est différente ».
Article 25 – Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté.
La mère et l’enfant ont droit à une attention et une assistance particulières. Tous les enfants, qu’ils soient légitimes ou non, bénéficieront de la même protection sociale.
La Convention sur les réfugiés ne prenait en compte que les réfugiés d’Europe. Les réfugiés du Moyen-Orient, de l’Inde et du Pakistan n’y sont pas intégrés.
Notre monde compte plus de 82 millions de réfugiés et de personnes déplacées (1% de la population mondiale et 50% ont moins de 18 ans). Les causes en sont inquiétantes : conflits, violence, changement climatique, pauvreté et insécurité alimentaire. « Il y a un manque de volonté politique pour faire face aux conflits et aux persécutions”, selon Filippo Grandi, Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (19/06/2021).
“J’ai cru un jour que la sensibilisation ferait partie de la solution. Mais peu importe ce qui apparaît dans les journaux, les images terribles que vous voyez à la télévision, pas même ce qui est écrit dans les résolutions de l’ONU.” Ramsey Nasr
Et pourtant…
Des prophètes se lèvent toujours. Ils mettent en garde et font des déclarations qui, dans un premier temps, blessent et créent la confusion. Elles ne sont comprises qu’après coup. Il ne s’agit pas de prédire l’avenir et de faire de la divination en l’air, mais de lire les signes des temps.
On pourrait aussi dire que lorsqu’on lit l’article 25 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, on se rend compte de l’importance, surtout en temps de crise, de garantir cette sécurité de base, par exemple par le biais de la sécurité sociale, pour tous ceux qui en ont besoin. Il s’agit d’une ligne directrice pour la construction d’un monde humain et miséricordieux pour tous, qui doit et peut faire l’objet d’accords et de discussions au niveau local, national et mondial.
Nous ne sommes pas seulement connectés aux 8 milliards d’autres personnes dans le monde, mais aussi à tous ceux qui nous ont précédés et à toutes les générations qui nous suivront. Ramsey Nasr
Sur base de la réalité d’une responsabilité mondiale les uns envers les autres, le Pacte mondial sur les réfugiés a été ratifié le 17 décembre 2018, tout comme le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Ce Pacte mondial pour les réfugiés (PMR) identifie concrètement ce qui est nécessaire à notre époque pour faire des droits de l’homme une réalité pour ces groupes cibles et pour œuvrer dans ce sens. Cette année marque le cinquième anniversaire de la ratification du Pacte mondial pour les réfugiés par 181 pays.
Un monde où les gens, qu’il s’agisse de réfugiés, de travailleurs, d’enfants, de mères célibataires, de vous et de moi, se sentent chez eux et en sécurité. Ce monde offre à tous des moyens de subsistance qui peuvent être partagés. Nous ne savons que trop bien que construire ce monde ne se fait pas toujours sans mal. En Europe, la politique relative aux réfugiés fait l’objet d’un vif débat.
Les 4 objectifs du PMR (Pacte Mondial sur les Réfugiés) visent une meilleure connaissance de leurs droits par les personnes réfugiées :
– soulager la pression sur les pays d’accueil, (85% des réfugiés vivent dans les pays voisins tels que la Turquie, le Liban, le Pakistan, l’Ouganda et la Colombie) ;
– renforcer l’autonomie des réfugiés ;
– rendre les solutions dans les pays tiers plus accessibles par la réinstallation ; (en 2020, seuls 34 400 réfugiés dans le monde ont eu la chance d’être réinstallés en raison de leurs conditions de vie ou de santé désespérées) ;
– soutenir les conditions dans les pays d’origine qui permettent aux réfugiés de rentrer en toute sécurité.
Ces objectifs sont-ils si exagérés ? Pour nous, ils vont de soi ! Pouvons-nous nous souhaiter trop de solidarité et trop de coopération ? Que penserons-nous de cette année 2022 lorsque nous en ferons le bilan dans un an ? dans 5 ans ? Nos journaux nous montreront-ils des images et des histoires plus belles ? Quelle année 2022 serait alors !
Au nom du groupe de travail EPUB Migration, Vivre ensemble et Croire,
Tetty Rooze.
Pour aller plus loin concernant les droits humains des réfugiés :
- La Nouvelle Belgique, une histoire de l’immigration, Tom Naegels
- Niemand wil ze hebben, Europa en zijn vluchtelingen, Linda Polman (pour les bilingues 😉)
Musée Red Star Line à Anvers – Exposition : HISTOIRES DE RÉFUGIÉS
https://www.redstarline.be/fr/content/histoires-de-réfugiés
du 1er avril au 11 décembre 2022