Le temps d’apprendre

On ne peut l’ignorer, la rentrée scolaire se profile à l’horizon, surtout depuis l’instauration des nouveaux rythmes scolaires en francophonie belge.

Lors de mes dernières courses hebdomadaires dans la grande surface proche de la maison, j’ai admiré un des employés occupé consciencieusement à créer un joli décor « rentrée scolaire » : petits sacs à dos, boîtes à pique-nique et compagnie (je n’ai pas osé me poster là pour admirer l’artiste, mais je devine le reste).

Franchement, j’avais presque envie de pouvoir, comme Alice au pays des merveilles, boire à la petite bouteille et me rétrécir pour vivre encore une rentrée scolaire. En tant qu’élève, j’insiste !

Mais attention ! Je prendrais garde à ne pas oublier la clé de l’autre côté de la porte pour pouvoir vite reprendre mon gabarit actuel !

Combien j’ai aimé aller à l’école ! C’était une source de plaisir et de rire abondante. C’était aussi un lieu d’apprentissages variés, depuis le calcul, le français jusqu’au tricot, la couture, le chant.

Mes souvenirs les plus tordants ? Apprendre à tricoter UN bas jaune à quatre aiguilles et une culotte en coton qui grattait vraiment très fort au derrière, écrire la lettre de nouvel an aux parents, toute décorée de paillettes, de gui et de houx (mais oui, je promets d’être sage, mais oui je souhaite une bonne année à mes très chers parents).

Durant les cours de couture, si nous avions été sages, nous avions droit à de la lecture, par une élève méritante, ce qui, je suppose, a développé mon goût prononcé pour les livres et les librairies.

Il ne faut pas croire qu’on ne faisait que rire (quoique…), il fallait travailler, écrire proprement (l’exercice, le soin et l’orthographe  étaient évalués de la même manière pour tous les cours).

Mmmmmm, le plaisir de couvrir livres et cahiers à la rentrée, en vert quant à moi. Mmmmm, l’odeur du papier neuf, les pages si lisses, lignées, quadrillées (petits et grands carreaux). Mmmmm, les nouveaux crayons, noirs ou de couleur. Mmmmm les porte-plumes avec les plumes Sergent Major, ou les plumes Ballons pour les titres à la ronde. Parfois à l’encre de Chine, pour corser le plaisir.

Gare aux pâtés !

Tant qu’on en est à l’encre : mmmmm, le plaisir de tremper un doigt dans l’encrier blanc en faïence du banc en bois.

 

J’arrête. Si j’arrête ! Des souvenirs d’un autre temps qui prouvent, s’il le fallait encore, que j’ai atteint l’âge dangereux où on commence à un peu radoter !

N’empêche, tout ce parcours scolaire, depuis la primaire jusqu’au bout du supérieur, fut une source de découvertes, d’enrichissement, de travail souvent ardu, de développement personnel, d’apprentissages divers, notamment celui de remise en question des idées reçues, toutes faites. L’esprit critique, dans le sens noble du terme. Combien je suis reconnaissante aux divers enseignants et formateurs de m’avoir inculqué cette forme de réflexion, de voir la réalité derrière des apparences trop évidentes. Du moins d’essayer d’avoir une approche la plus honnête possible de sujets d’étude.

Une attitude valable aussi dans la vie citoyenne et dans les choix politiques. Les dictateurs le comprennent bien, eux qui pourchassent étudiants et professeurs critiques.

 

Et la formation a continué à l’âge adulte (le pli était pris), dans divers mouvements et organismes, toujours avec l’envie de la découverte, la joie des rencontres et le choc de certaines remises en question. Apprendre, toujours apprendre. Un trésor qui nous modèle, qui nous transforme, qui nous nourrit, qui nous ouvre au monde extérieur, aux autres cultures, qui nous aide à progresser, à nous améliorer.

Un souhait ? Que l’Eglise participe à cet épanouissement, qu’elle devienne, redevienne, reste un lieu d’apprentissage, d’étude joyeuse, d’ouverture, avec des techniques actuelles de formation pour une parole d’aujourd’hui incarnée et interpellante.

Bonne rentrée à tous et toutes.

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