B.-Z. Schümmer : “J’étais à mon poste… je veillais, pour voir ce que l’Éternel me dirait.”

Lecture: Ha 2/1-4, Lc 17/5-10.

Habacuc, le prophète sentinelle ! Nous sommes à une époque troublée de l’histoire d’Israël, vers la fin du 7e siècle avant notre ère. Les armées des Chaldéens envahissent le pays, multipliant violences et pillages. Le peuple, découragé par sa captivité, appelle au secours et le Seigneur répond par la voix de son prophète : Dieu continue à être le Seigneur de l’histoire, son heure va venir et ceux qui l’attendent ne seront pas déçus.

J’étais à mon poste… je veillais, pour voir ce que l’Éternel me dirait. À travers les siècles, Habacuc nous invite à l’imiter. Être à notre poste ne signifie pas faire quelque chose d’extraordinaire, poser des actes de bravoure hors du commun ! Non ! C’est simplement être fidèles, … être de fidèles témoins, là où Dieu nous a placés, en utilisant les talents qu’Il nous a donnés. Témoigner, dans la vie de tous les jours…

Au travail, à nos collègues, par notre attitude.

En famille, par l’amour, la compréhension, l’écoute et l’unité qui contribuent à créer un climat paisible, épanoui et heureux.

Dans le cercle des amis, par nos prises de position.

Dans l’Église, en ne nous contentant pas d’être des consommateurs passifs, mais en devenant des acteurs à part entière de la vie de la communauté, en nous soutenant mutuellement, …

La foi n’est pas quelque chose qu’on acquiert une fois pour toutes et qu’on peut laisser, bien au chaud, dans un coffre, jusqu’au jour où, peut-être, nous en aurons besoin. Non !

Si nous sommes appelés à veiller, c’est bien qu’il s’agit d’un effort et pas de quelque chose qui coule de source : lutter contre le sommeil, sous toutes ses formes.

Lorsque tout nous réussit et que nous sommes heureux, le sommeil peut nous atteindre et nous pouvons oublier Celui qui est à la source de notre bonheur.

De la même manière, lorsque nous sommes au cœur des difficultés ou dans la tristesse, nous pouvons glisser dans la résignation et des idées noires peuvent instiller le manque de confiance, le sommeil et l’éloignement de l’Éternel.

Mais il est une autre somnolence, peut-être plus dangereuse, parce qu’elle peut nous atteindre tous : le train-train quotidien, les habitudes qui nous font ronronner, nous paralysent et étouffent notre foi. Veiller, dans ce cas, c’est oser réinjecter de la vie, la vie véritable, dans nos journées, en redéfinissant nos priorités et en plaçant Dieu au sommet de notre échelle de priorités.

Autour de Jésus, quelques disciples sont à leurs postes. Mais, devant l’ampleur de la tâche qui les attend, ils s’adressent au Maître (Lc 17/5) : Augmente-nous la foi.

Dans sa réponse, Jésus leur montre que la foi ne peut que se vivre. On ne peut pas augmenter la foi parce qu’il ne s’agit pas de quelque chose qui se quantifie. Il leur répond par un paradoxe ; il ne leur reproche pas d’avoir peu de foi, mais il leur dit qu’avec ce très peu de foi, ils pourraient déjà faire des choses extraordinaires.

L’important n’est pas d’avoir une foi moindre ou supérieure, mais d’avoir une foi authentique. Au /6 Jésus dit : si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à ce sycomore : déracine-toi, et plante-toi dans la mer ; et il vous obéirait.

La graine de sénevé était un symbole de petitesse ; c’était une des plus petites graines. Le sycomore, pour sa part, est un arbre imposant, pouvant atteindre 35 m de haut et un diamètre de près de 4 m. Les rabbins affirmaient même que ses racines restaient en terre 600 ans. Solidement enraciné, cet arbre était très difficile à arracher.

Jésus dit donc : si vous aviez de la foi comme cette minuscule graine, vous diriez à cet énorme arbre : déracine-toi, et plante-toi dans la mer ; et il vous obéirait. Jésus veut nous faire prendre conscience de la difficulté de l’acte pour nous montrer que rien n’est impossible à la foi !

La foi authentique peut accomplir ce que l’expérience, l’intelligence et les calculs de probabilités estiment impossible, si elle agit selon la volonté de Dieu.

Un risque guette, néanmoins, ceux qui veillent : être tentés par l’orgueil spirituel. Jésus met en garde (/10) : quand vous avez fait tout ce qui vous a été ordonné, dites : nous sommes des serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire.

Quelle que soit la tâche que nous accomplissons, nous ne pouvons prétendre avoir fait autre chose que notre devoir. Un appel clair à vivre le désintéressement et la gratuité dans le service et à préférer la générosité au repli sur soi.

Oui, la foi se vit au quotidien, dans l’humble service. Agissant ainsi, nous nous comporterons comme de simples serviteurs, veillant fidèlement à notre poste, heureux d’avoir répondu à l’appel du Seigneur.

Bernard-Zoltán Schümmer

 

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