Billet d’Yvette : les piquets

Des voisins ont eu l’idée, « géniale », de faire mettre des piquets pour empêcher les voitures de rouler sur leur trottoir. Ceci visait, sans aucun doute, notre énergique factrice.  Il faut dire que cette amazone des temps moderne roule impunément à contresens sur les trottoirs et que cela m’énerve aussi passablement, lorsqu’il faut faire remonter les graviers qui ont roulé dans la rigole.

M’enfin, comme dit Gaston, des piquets… Il fallait oser.

Ils ont d’ailleurs fait long feu : un beau jour, ils ont disparu, tout bonnement. Conséquence du passage d’un agent constatateur ou vengeance postale ?

 

Des piquets pour contrarier ceux qui nous dérangent. Des piquets visibles : le sac qu’on met à côté de soi sur la banquette du train, pour être sûr de jouir d’une place bien large.

Bobonne ou junior qui squattent une table, pour ne surtout pas devoir attendre son tour lorsqu’il y a du monde au restaurant self-service…

S’arroger une place de parking pour handicapé. « Je n’en ai que pour une minute »… Mon œil !

 

Des piquets invisibles : les mots qui lacèrent, qui font reculer à tout jamais. Les défenses dont nous nous entourons pour ne pas être disponibles, pour ne pas nous laisser atteindre. Les occupations –futiles- qui nous anesthésient, nous rendent imperméables aux appels au secours.

Un abord désagréable et agressif qui repousse toute tentative d’approche à la recherche de chaleur humaine et d’amitié.

 

Nous faut-il un agent extérieur qui nous fasse changer, qui nous fasse ôter nos piquets défensifs ou –mieux dit- ces piques et picots parfois empoisonnés qui vicient nos relations, même au sein de nos communautés ?

Qui peut ôter ces défenses, si ce n’est un souffle puissant, balayant tout sur son passage ?

Qui peut changer nos attitudes négatives, nos paroles acerbes, nos actes contraires à nos déclarations pieuses ?

L’Esprit, celui promis par le Christ à ses disciples, qui transforme les disciples terrés dans une chambre en apôtres courageux, ouvrant portes et fenêtres pour proclamer et vivre eux-mêmes de cette bonne nouvelle : plus besoin de défenses, passives ou autres, contre autrui. Partageons le pain, le sel et l’amitié dans la joie du salut offert par le Maître.

 

Au boulot, les gars ! Faisons le tour de nos Eglises pour détecter tous nos piquets, toutes nos clôtures, tout ce qui repousse ceux qui ne nous ressemblent pas, qui ne pensent pas comme nous, qui n’ont pas joui des mêmes chances sociales que nous, qui viennent d’ailleurs.

Un fameux tour de chantier s’impose et, pour une fois, nous avons l’autorisation de détruire pour mieux reconstruire ensuite. Osons regarder en face nos peurs, nos méfiances, nos réticences pour édifier des assemblées joyeuses, pleines de vie, d’enthousiasme pour accueillir et partager avec les inconnus qui passent.

 

Après tout, Jésus était charpentier ! Acceptons-le comme contremaître.

Ne craignons pas de reconsidérer et de remettre en question nos plans pour suivre les siens.

Avec Son inspiration.

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