Bien que plus tout jeune, je crois avoir gardé une part de rêve pour l’Église. Et jusqu’à tout récemment encore, j’ai eu le privilège de contribuer à l’élaboration de documents destinés à encourager et aider les pasteurs, particulièrement, à vivre leur ministère avec plus de bonheur. Cette idée qu’on peut être plus fort et épanoui dans une collaboration à plusieurs a traversé et soutenu tout mon ministère dans la diversité de ses activités : paroissiales tout d’abord, mais aussi au service d’entreprises communes à toute l’Église (relations missionnaires, commission des ministères, formation permanente des pasteurs et autres ministres de l’Église).
À mes débuts en paroisse, j’ai eu le privilège de pouvoir travailler d’emblée en équipe avec des jeunes collègues comme moi, à pouvoir mettre sur pied une catéchèse inter paroissiale sous forme de rencontres et weekends qui regroupaient souvent plus de vingt ados. Je parle de collègues mais il y avait également des laïcs dans notre équipe d’animation. Bien sûr, on ne peut pas dire que cette façon de travailler nous faisait économiser du temps. Mais les rencontres de préparation et d’animation étaient de tels moments de partage et de créativité que j’y ai trouvé un réel encouragement pour mon ministère parmi les jeunes. Je suis très heureux d’observer que plusieurs d’entre eux sont engagés aujourd’hui dans des postes à responsabilité dans l’Église. J’ose croire que notre souci pastoral d’ouverture et de collaboration a pu contribuer à leur faire partager un certain sens de l’Église et de son bien commun.
Responsable pendant un certain temps dans le cadre de la formation permanente des pasteurs et autres ministres, j’ai pu constater combien pouvaient être bénéfiques des rencontres comme des Journées pastorales réunissant les pasteurs autour du Président pour un temps de partage d’expériences et de réflexion sur la pratique du ministère pastoral et je me suis toujours étonné que plusieurs collègues estiment, semble-t-il, pouvoir se priver de telles rencontres. De même pour les journées théologiques annuelles qui permettent entre collègues de se confronter à une réflexion théologique qui interroge et stimule leur prédication et leur enseignement. Là aussi, combien d’absents ! Je n’ai jamais compris comment d’aucuns pouvaient ne pas se sentir concernés.
J’en viens à la Rencontre fraternelle annuelle des pasteurs et autres ministres de l’Église et conjoints elle a lieu normalement tous les ans, en alternative sous forme de weekend ou de journée, et est offerte à l’ensemble des ministres de l’Église et famille avec comme objectif essentiel de faire mieux connaissance entre permanents de l’Église dans un cadre de détente et de fraternisation. Depuis quelques années, cette activité est même devenue multilingue, ce qui demande un bon effort de préparation et d’animation à l’équipe bénévole qui conduit les rencontres. Quel plaisir de se retrouver ainsi, année après année, pour ce temps de fraternisation décomplexée. Quel bénéfice en faveur de relations professionnelles plus détendues et constructives. Mais, semble-t-il, tout le monde ne voit pas les choses comme cela.
Depuis quelques années, un nouveau stage multilingue est organisé pour accueillir et mettre en relation réciproque les nouveaux pasteurs qui entrent en service au sein de l’Église. Ainsi, un quatrième « stage d’intégration »résidentiel sera organisé bientôt sous la responsabilité de pasteurs expérimentés qui offrent volontiers de l’énergie et du temps pour leurs nouveaux collègues.
Toutes ces activités que je viens d’évoquer ne sont réalisées que parce que des bénévoles, en plus de leur travail paroissial normal, consacrent du temps, des forces et des compétences au service de l’ensemble du corps ministériel de l’Église.
Et je veux évoquer encore tous les cadres laïcs et pastoraux qui animent bénévolement les différentes instances de l’Église comme les membres de l’assemblée synodale, le conseil synodal, les conseils de district, les commissions diverses au service du fonctionnement et du rayonnement de l’Église. Tous membres de communautés locales qui acceptent, pour un temps plus ou moins long, de se mettre au service de l’ensemble de l’Église, dans un esprit de collaboration et de solidarité. Pouvons-nous imaginer la vie et le rayonnement de nos communautés sans ce soutien solidaire ? Bien sûr, cela implique aussi un partage de ressources financières qui permettent et soutiennent ces diverses activités communes au service du bien et du rayonnement communs.
Toujours dans la ligne de cette solidarité, combien il serait heureux que, dans toutes les communautés, il soit possible de se réjouir lorsqu’un nouveau pasteur ou une nouvelle pasteure sont donnés à l’Église, ordonnés et consacrés au sein de l’ensemble de l’Église et pour l’ensemble de l’Église. Pense-t-on de faire part de cette nouvelle dans toutes les communautés et de prier pour ce nouveau ministère donné à toute l’Église ? Et invite-t-on à travers toute l’Église à aller partager cette fête commune ? Et, lorsqu’un ministre prend sa charge dans sa nouvelle communauté ou son service, les communautés voisines sont-elles toujours encouragées à aller partager cette joie ? Nos communautés font partie d’un corps solidaire sans lequel elles ne seraient pas grand-chose. Nous pouvons puiser force et encouragement pour notre témoignage dans une fraternité solidaire, dans une curiosité bienveillante, voire des collaborations fructueuses entre communautés, dans des formes comme celle que j’ai évoquée à titre d’exemple au début de ce témoignage.
Qu’il est bon et encourageant également d’aller les uns chez les autres pour partager un culte commun, un concert, une conférence, une exposition, une pièce de théâtre, une action diaconale, une veillée de Noël, un repas fraternel, une excursion, un weekend de retraite. Alors, faisons circuler largement les informations, les invitations. Nous avons des fichiers d’adresses ordinateurs, nous avons en commun un service com dans l’Église et un site protestant.link. Profitons-en pour toute opportunité.
Ne restons donc jamais « Entre nous » à l’instar du premier bulletin paroissial ainsi nommé que j’ai eu à gérer et dont je me suis empressé de bazarder le titre au profit d’un autre plus ouvert et engageant !
Marc Lombart