Il y a quelques mois, j’étais à l’hôpital et j’ai reçu la visite de la pasteure Anne Kooi. Elle m’a demandé si la vilaine maladie dont je souffrais avait changé ma relation avec Dieu. C’est une question qui donne matière à réfléchir. En tout cas, je ne suis pas fâché contre Dieu à cause de cette maladie. D’ailleurs, ce serait plutôt hypocrite. Pourquoi serais-je en colère contre Dieu quand le mal me touche et pas quand il y a tant de personnes qui souffrent dans le monde ? Je pourrais alors être constamment fâché contre Dieu. Au cours de ma carrière dans le domaine de l’aide au développement et de l’aide humanitaire, j’en ai assez vu et fait. J’ai vu beaucoup de misère et de souffrance. J’ai toujours été étonné et j’ai pris exemple sur l’énorme résilience qu’un grand nombre de personnes ont pour combattre le mal qui les ronge, même si ce combat semble perdu d’avance. Je n’ai jamais associé Dieu à la souffrance des êtres humains mais bien à son opposition. Selon moi, voir le Dieu du Nouveau Testament comme quelqu’un qui provoque des maladies et des catastrophes naturelles est un blasphème. Au contraire, nous trouvons Dieu dans les vagues de solidarité qui se forment quand les catastrophes surviennent ou dans les marques de sympathie quand quelqu’un souffre. Pour moi, Dieu est la force qui apporte son soutien dans les situations difficiles, qui donne du courage quand ce n’est pas facile, qui offre une perspective dans les périodes sombres, qui apporte de la lumière dans l’obscurité – comme ce que nous fêtons à Noël. Ce n’est pas siffler dans le noir mais savoir au fond de soi que l’on ne peut pas tomber plus bas que dans les mains de Dieu. Non, je ne suis pas fâché contre Dieu à cause de ma maladie. Par contre, je suis en colère contre toute la souffrance et toute l’injustice dans le monde.
Il semble que le psaume 30 a été écrit par une personne à qui il est arrivé une catastrophe ou qui se rétablit d’une maladie grave. C’était manifestement quelqu’un qui croyait qu’il ne lui arriverait jamais rien : « Je me croyais tranquille et je disais : ‘Rien ne me mettra jamais en danger’ » (verset 7). Puis, un jour, son monde s’écroule. Désespéré, il crie sur Dieu : « Que gagnerais-tu si je mourais ? Il y aura alors une voix en moins pour chanter tes louanges » (versets 9 et 10).
À la lecture du psaume, il est évident que la maladie a enseigné trois choses au poète. En premier lieu, l’impression que Dieu est absent ne dure qu’un instant. En revanche, l’amour de Dieu dure toute une vie (verset 6). Deuxièmement, il apprend que nous n’adorons pas Dieu pour qu’il sème des roses sur notre chemin mais pour qu’il nous accorde grâce et détermination afin de continuer à suivre le chemin même s’il est rempli de pierres et d’obstacles. Dieu ne promet pas qu’Il nous empêchera de tomber mais qu’Il nous donnera la main pour nous aider à nous relever, peu importe le nombre de fois où nous trébuchons. Enfin, le psalmiste en conclut que nous sommes sur cette terre pour louer Dieu : « Alors, de tout mon cœur je n’en finirai pas de célébrer ta gloire par mes chants. Seigneur mon Dieu, je te louerai toujours » (verset 13). Tandis que certaines personnes restent les mêmes après avoir subi et vaincu la misère, le psalmiste devient un autre homme grâce à ses expériences. Il a appris à voir Dieu différemment et là où il ne L’avait jamais vu auparavant.
Ce ne sont pas les événements qui font que nous sommes qui nous sommes mais plutôt la manière dont nous considérons ces événements. La question n’est pas en premier lieu : « Pourquoi cela arrive-t-il aux êtres humains et à l’humanité ? », mais plutôt : « Comment règle-t-on cela ? » La première question ne nous impute pas la responsabilité tandis qu’avec la deuxième question, la responsabilité repose sur nous.
Le psalmiste comprend que l’amour de Dieu dure toute la vie. En ce qui le concerne, cet amour est la réalité qui domine tout. C’est l’amour de Dieu et pour Dieu. Nous pouvons aller un cran plus loin et dire que Dieu est là où les êtres humains aiment. « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu… et ton prochain comme toi-même. »
Une foi sans amour est vide. Dans 1 Jean 4:7-8, il est écrit : « Mes chers amis, aimons-nous les uns les autres, car l’amour vient de Dieu. Quiconque aime est enfant de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas ne connaît pas Dieu, car Dieu est amour. »
Si l’on ressent cet amour quand on traverse une période difficile, si la famille, les amis et la paroisse nous soutiennent et nous entourent comme « une nuée de témoins », alors notre relation avec Dieu peut changer ; pas dans le sens négatif mais bien positif. Alors on connaît Dieu grâce à la compassion et à l’affection que l’on reçoit. Ubi Caritas et Amor, Deus ibi est. Là où sont la charité et l’amour, Dieu est présent.
Rob van Drimmelen