PRÉLUDE ANTIPHONÉ

DOminus dixit

ancilla sua scripsit.¹

 

ALLEGRO

RÉ-jouis-toi, chère Eglise, de pouvoir chanter sur tous les tons et accompagnée de tous les instruments imaginables.

Ignore les fâcheux qui ne comptent à leur répertoire que les trente-deux cantiques appris depuis le catéchisme. Ose te lancer dans l’apprentissage de nouveaux chants, risque-toi à les répéter en début de service ou même en chorale –pourquoi pas- avec ou sans chef, l’expérience sera riche de toute façon et les rires assurés lors des fausses notes.

N’oublie surtout pas que les psaumes se chantent avec tonus depuis la Réformation calviniste.

Ne t’endors pas sur l’air des « cantiques-sirop », d’ailleurs les bancs d’église ne sont pas très propices aux PAUSES, ni même aux DEMI-PAUSES.

Ac-CROCHE-toi lorsque l’organiste est absent et le/la pasteur.e est aphone ou chante faux : ta vie n’en dépend pas, même si tes nerfs de musicienne trinquent un max.

 

MI-racle ! Tout baigne ! Ton cœur bat, tes poumons explosent lorsque tu chantes l’hymne national protestant ! « C’est un rempart » ou mieux encore : « A toi la gloire » soulève l’enthousiasme, réveille les amorphes, hérisse de bonheur les poils des jambes, remplit l’âme de plénitude pour au moins une semaine.

 

ANDANTE

FA-cile et pourtant peu utilisé dans tes célébrations : le SILENCE, CLÉ de l’introspection, de la méditation personnelle. Pourquoi, se croit-on obligé de remplir tout l’espace d’un service par un flot de paroles ? « Trop de NOTES, trop de NOTES », monsieur Mozart, disait Salieri…

Une respiration, un SOUPIR, font tant de bien, mettent en valeur un beau texte.

Et si Napoléon a dit qu’un bon croquis vaut mieux qu’un long discours, je dis qu’un bon silence vaut parfois mieux qu’une prédication médiocre.

Une de mes PASSACAILLES (rengaines, si j’ose dire !) favorites prône l’absence de cantique chanté « sur » la collecte. Viendrait-il à l’idée de prier et de verser son obole en même temps ?

Les cantiques étant des prières chantées… c.q.f.d.

 

SOL-licite des bonnes volontés pour réfléchir PIANISSIMO au déroulement du culte, à son sens pour nous et nos contemporains. Trouver des ACCORDS entre la langue d’aujourd’hui et celle de nos célébrations est-il possible ? C’est une question de traduction, mais cela demande des efforts certains. A vos PUPITRES, chers amis, pour des efforts de COMPOSITION.

 

SCHERZO

LA musique des anges, l’entends-tu dans ton cœur, chère Eglise ? Cette musique qui vient du Sublime, qui retourne les entrailles, qui te prend et te change à tout jamais.

Elle peut surgir d’un mot d’amour chuchoté à ton oreille ou du CHANT de la nature ORCHESTRÉ par les oiseaux du printemps, elle peut venir de la beauté d’un texte ou d’un AIR. Laisse-toi emporter par la Parole, venue de n’importe où, n’importe quand, de jour comme de nuit.

Ne la rate pas surtout.

 

SI tu es ouverte à cette « MUSIQUE d’ailleurs », tu expérimenteras un bonheur d’une qualité rare. Bois à cette source qui donne de l’imagination, de la patience, de la persévérance, de l’amour fraternel…

 

FINALE

La GAMME est finie, la symphonie arrive à son terme. Qu’un jour puissent retentir à tes oreilles ces paroles du Maître :

« C’est bien, bonne et fidèle servante; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître ».

DA CAPO.

 

Yvette Vanescotte

 

1. Le Maître a parlé, sa servante a écrit, symphonie d’une auteure anonyme