Dans le port d’Anvers, l’aumônier est au service des marins

Durant le covid, lorsque les marins ont été confinés dans leurs bateaux et qu’ils ne pouvaient plus acheter ne fût-ce que le strict nécessaire, comme des médicaments, la solution n’est pas tombée du ciel. Les aumôniers du port d’Anvers ont eu l’idée d’acheter un minibus, grâce à des fonds fournis par l’IZA (Internationaal Zeemanshuis Antwerpen –  https://www.zeemanshuis.be/) et l’ont transformé en magasin sur roues « le Rolling-Store ».

Vu le succès rencontré, le projet s’est pérennisé au-delà des confinements successifs. Marc Schippers, aumônier du port d’Anvers, en témoigne : « je reçois des demandes tous les jours ou presque pour envoyer le bus. Les marins me contactent grâce aux réseaux sociaux. On s’organisent entre aumôniers et volontaires pour aller avec le Rolling-Store sur les terminaux, au plus près des bateaux à quai. Nous ne faisons presque pas de publicité, mais le bouche-à-oreille joue pleinement son rôle».

Le rôle pratique de l’aumônier est en effet extrêmement important. Les locaux de la mission comprennent notamment un magasin de biens de première nécessité, comme le dentifrice et puis des produits pour offrir un peu de bien-être : « du chocolat ou des gaufres, c’est aussi bon pour le moral ».

 

L’amour du Christ, langage universel… même s’il faut parler avec les mains

Pasteur de l’EPUB, Marc Schippers travaille pour la Sailors’ Society, l’aumônerie protestante des ports, qui est la mission la plus ancienne du monde.

Celle-ci est présente tout autour de notre planète bleue, mais uniquement dans les ports. En effet, les aumôniers de la Sailors’ Society restent à terre, où il est plus facile de venir en aide aux marins. La mission a pour objectif de montrer l’amour du Christ aux marins, quelque soient leur pays d’origine, leur sexe ou leur religion ; elle soutient donc les marins et leurs famille.

La Sailors’ Society forme à cette fin des aumôniers, qui présideront le culte et accompagneront une paroisse aux dizaines de milliers de visages et toujours renouvelée.

A ce titre, Marc Schippers souligne combien il faut avoir de sensibilité pour pouvoir parler à des gens qui viennent du monde entier et qui ont des cultures si différentes les unes des autres « Certains marins ne parlent ni anglais, ni français ni néerlandais. Nous devons parler avec les mains. Comme dans un bateau : le navire doit avancer, quelques soient les freins à la communication. »

 

Une population en perpétuel mouvement

Le nombre de marins dans le monde est évalué à 1 millions et demi. La plupart d’entre eux restent à bord de leur navire au moins 6 mois, loin de leurs proches, afin de gagner assez d’argent pour soutenir leur famille.

Une grande partie des marins, principalement dans les postes subalternes, viennent de pays en voie de développement. Il s’agit pour 1/3 de Philippins. L’argent gagné ne sert d’ailleurs pas uniquement à nourrir la famille. Il faut savoir que l’état philippin ne pourrait pas survivre sans les salaires des personnes qui travaillent en dehors du pays.

Une population loin du foyer, qui n’a donc pas facilement accès aux biens de consommation nécessaire, mais aussi à de nombreuses ressources morales, matérielles et spirituelles.

 

La confiance et la coopération

Face à ces besoins, « une mission ne peut pas tout faire toute seule et la coopération est nécessaire ». D’ailleurs, dans le port d’Anvers, les aumôneries travaillent en réseau œcuménique depuis les années 70’s :  l’aumônerie catholique Stella maris , l’aumônerie anglicane, la mission des marins allemands, et, bien sûr, la Sailors’ Society.

De toutes façons, un marin qui se trouve dans un port étranger demande de l’aide sans se préoccuper de savoir si l’aumônier est catholique ou protestant. « On m’appelle souvent Père Marc » sourit le pasteur sans s’en formaliser aucunement.

Indépendant des grandes compagnies, l’aumônier est aussi pour beaucoup un soutien indispensable et une figure de confiance. C’est bien souvent la seule personne à laquelle un marin peut se confier librement, notamment pour parler de ses difficultés et de sa santé mentale.

Car l’isolement peut être une cause de problèmes mentaux. Il y a, parmi les marins, beaucoup de dépressions et de suicides. Une situation à laquelle un aumônier sait aussi être attentif et apporter des solutions concrètes.

 

Marc Schippers aime à le rappeler encore et encore, la mission qui lui échoit est double : d’un côté la réponse aux besoins moraux et spirituels des marins, et de l’autre, l’aide pratique et matérielle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Interview de Marc Schippers

Directeur régional de la Sailors’ Society en Europe

JGDM

 

crédit photos : Marc Schippers

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