Les nouveaux “Maîtres à penser”

Oui, je sais, j’appartiens à une espèce en voie de disparition : j’éprouve une méfiance viscérale vis-à-vis de tous ces réseaux sociaux tellement pratiqués par les jeunes et… les moins jeunes. Ce qui me prive aussi de leurs bons côtés de liaison et d’information.

Tant pis. J’assume et je tiens mes informations d’ailleurs, même si elles sont lacunaires.

Néanmoins, il est impossible d’ignorer ce fameux phénomène des « influenceurs ».

Tik Tok, Instagram et autres regorgent de mentors qui vous conseillent et vous guident dans votre vie quotidienne.

Régimes farfelus ?

Comment se maquiller ?

Comment virer son/sa copin.e ?

Quelle série suivre sur Netflix ou autre ?

Quel traitement suivre contre les fichus boutons qui perturbent votre prochain rendez-vous amoureux pris sur un site de dating ?

Quels exercices pratiquer pour faire disparaître ces bourrelets disgracieux ?

Quelle salle de sport fréquenter ?

Idem : restaurant, plage, pays, livre à lire, musique à écouter.

Comment s’habiller ?

Pour finir, en résumé, que penser ?

Au fond, c’est pratique. Plus d’effort intellectuel à fournir. On pense pour vous.

Si on pense.

En tout cas, on se fait du fric sur votre dos et sur votre fréquentation assidue de ces nouveaux gourous.

 

Bon, là, c’était facile. Tout le monde peut réagir et se reprendre en quittant simplement ces sites et leurs vedettes si directives.

Cela devient plus difficile quand vous lisez un article dans votre quotidien sérieux, quotidien censé vous informer de manière impartiale et honnête.

Un exemple : la « une » de mon journal m’allèche en annonçant : « quel est le secret des couples qui durent ? »

Aaaaaaaaaaaaaaaaaaah, je vais enfin savoir comment il se fait que mon chéri et moi-même sommes encore mariés, après 56 ans de bons et loyaux services !

Vite, vite, courons vers la page X, je ne sais plus laquelle, où je vais pouvoir me cultiver en dégustant les propos d’une psychologue, spécialiste des couples et prof je ne sais plus où.

J’ai été tellement déçue que je n’ai pas voulu garder son nom en mémoire…

Alors voilà : le secret, mes amis, consiste à cultiver amoureusement son autonomie.

Point.

Je suis d’accord qu’il faut de l’autonomie dans un couple, qu’il faut que chacun puisse s’épanouir, puisse réaliser ses aspirations, puisse grandir, puisse se réaliser.

Ceci étant acquis, je n’ai lu nulle part dans cet article, les mots « amour », « confiance », « pardon », « partage », « prévenance », « tendresse », « don de soi », « patience », « soutien », « créativité », « humour ».

Je dois en oublier d’autres et je suppose que chaque « vieux » couple pourrait dresser sa propre liste selon son vécu et son profil.

 

J’ai dû rater quelque chose ! En tout cas selon les nouveaux maîtres à penser psychologues.

Est-ce grave, docteur ?

Cela ne m’empêche pas de dormir, rassurez-vous.

Il faut dire que mon Maître à penser, mon influenceur à moi, propose un exemple et un message tout à fait différent et hors du commun d’aujourd’hui.

 

Yvette Vanescotte

 

 

Image : pixabay

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