L’intelligence artificielle va-t-elle mettre fin aux limites propres à la finitude qui caractérise les humains ?
Voilà un sujet qui passionne les « grosses têtes » depuis pas mal d’années mais aujourd’hui abordable par celles et ceux qui sont capables d’entrer dans les arcanes compliqués de l’informatique, sésame indispensable pour accéder à cet univers hautement spécialisé.
L’intelligence artificielle poussée à son paroxysme permettrait d’atteindre des objectifs jusqu’ici insoupçonnés, entre autres l’avènement d’une humanité « augmentée » grâce à une puce introduite dans le cerveau humain, créant ainsi un homme nouveau affranchi de ses limites.
Et voilà l’avenir de notre humanité pris en charge par ces « supermen » !
Cette vision de notre avenir est-elle compatible avec ce que la Bible nous en dit ?
Homme ancien, Homme nouveau
« Homme ancien-Homme nouveau. » N’y a-t-il pas dans ce thème comme un relent d’accent biblique. En effet l’apôtre Paul a abordé la question de la rédemption de l’humanité à plusieurs reprises notamment dans l’épître aux Ephésiens :
«… la vérité qui est en Jésus, à savoir qu’il vous faut abandonner votre premier genre de vie et dépouiller le vieil homme, qui va se corrompant au fil des convoitises décevantes, pour vous renouveler par une transformation spirituelle de votre jugement et revêtir l’Homme Nouveau, qui a été créé selon Dieu, dans la justice et la sainteté de la vérité » (Ep 4,22-23).
Il faut bien sûr resituer ce verset dans son contexte où l’apôtre exhorte les Ephésiens à progresser dans la foi afin de revêtir l’homme nouveau.
Selon lui, cette vision transcendantale de l’homme ne peut être perçue qu’à l’aide de l’Esprit de Dieu qui a déjà créé cet homme nouveau dans la personne de son Fils venu assumer notre nature humaine dans sa complexité de chair et d’esprit.
Si l’intelligence artificielle apporte incontestablement des solutions autrefois impossibles aux nombreux problèmes que sont la maladie, la guerre, la famine … elle nous interpelle en tant que chrétiens : le danger, entre autres, de déshumaniser nos activités en lui laissant tout pouvoir.
Ce risque était déjà dénoncé, voilà déjà quelques décennies, par Charlie Chaplin dans son film « Les Temps modernes » où le travailleur est littéralement avalé par la machine dont le contrôle lui échappe.
Les récits de la tentation de Jésus au désert qui a refusé toute forme de pouvoir, devraient nous mettre en garde face à la puissance que nous laisserions à l’intelligence artificielle en ce qu’elle nous ferait oublier notre responsabilité dans la gestion de notre planète, notre solidarité avec tous les humains et surtout dans l’accompagnement des plus démunis.
Monde ancien, Monde nouveau
Monde ancien-Monde nouveau : la Bible n’est pas très loquace sur le « comment » de cette nouvelle création bien qu’elle nous en dévoile quelques traits dans le livre de l’Apocalypse (21) :
« Puis je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n’était plus […]
Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. »
La conception d’un monde rendu nouveau par la seule intelligence artificielle n’est sûrement pas compatible avec le message de l’Evangile qui se fonde sur l’incarnation de Dieu dans un homme, Jésus de Nazareth qui a choisi d’assumer la condition humaine dans sa faiblesse et sa vulnérabilité.
S’il n’y a sûrement pas lieu de la diaboliser, le chrétien est cependant appelé à vivre sa foi dans la conviction que, comme le proclame ce chant :
« Le monde ancien s’en est allé, un nouveau monde est déjà né, Il s’est levé le jour de Dieu qui fait renaître terre et cieux. »
Jacqueline Willame
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