Les biscuits Cent Wafers dans une parodie de la Liste de Schindler : passée au crible !

A la suite de nombreuses plaintes, la VRT a retiré un sketch de son programme «de ideale wereld ». Vous trouverez ci-dessous la réaction de l’OCJB.

Nous déplorons la perte de vies humaines, le grand nombre de blessés et aussi les dégâts matériels occasionnés par la guerre en Ukraine. Dans l’est de ce pays, une entreprise de biscuits de la multinationale agroalimentaire Montelez International a été gravement endommagée, avec pour conséquence la cessation de la production des biscuits, dont les Cent Wafers.  Une pénurie dans la provision de Cent Wafers pourrait en résulter.

Le programme de la VRT (Vlaamse Radio- en Televisie omroeporganisatie) intitulé “De Ideale Wereld” (DIW) (Le monde idéal), diffusé le O7 avril 2022, a épinglé de la guerre en Ukraine la pénurie probable, imminente, temporaire des biscuits Cent Wafers (et aussi celle de l’huile de tournesol) pour parodier le chef- d’œuvre cinématographique ‘La Liste de Schindler’ (Steven Spielberg, 1993). Dans un clip-vidéo de quelques minutes, nous voyons Oskar Schindler, non comme l’industriel allemand et membre du parti nazi qui, dans la Seconde Guerre Mondiale a embauché dans son usine de métal émaillé en Pologne plus de mille Juifs, sauvant ainsi leur vie, mais comme le fondateur d’une entreprise de fabrication de biscuits Cent Wafers. Il embauche des Juifs pour leur fabrication. La transposition d’une situation de guerre vers une autre suggère-t-elle que le monde aurait besoin d’un Oskar Schindler qui embauche de la main-d’œuvre à bon marché, des Juifs, pour pouvoir continuer d’approvisionner le monde des biscuits Cent Wafers? Une société idéale de consommation aurait-elle besoin d’un programme nazi pour maintenir sa production et  sauver le monde de la pénurie ? Ou pire encore, le clip- vidéo suggère-t-il qu’un monde idéal serait celui sans Juifs ? L’histoire, bien connue, nous enseigne les atrocités qu’engendre une telle vision du monde et des sociétés.

Pourquoi en faire une moquerie macabre ?

Le départ des camions de l’entreprise Schindler’s Jodenkoeken B.V. touche la théorie du complot- selon laquelle les Juifs dirigeraient le monde –  et insinue sa fin ? La fin du clip fait un saut dans le temps et dans l’espace. Le spectateur se trouve 50 ans plus tard, devant le Kotel, à Jérusalem où les femmes Juives avec leurs enfants déposent un paquet de biscuits Cent Wafers sur le tombeau de Oskar Schindler. Les Juifs rendent hommage à leurs défunts, non par des fleurs, mais en posant une petite pierre sur le tombeau.  La transposition d’une petite pierre, ayant une valeur symbolique profonde, vers un paquet de biscuits Cent Wafers, provoque une hilarité d’un très mauvais goût.

Ce clip-vidéo pose des questions pénibles et urgentes. Pénibles : plus de 75 ans après la Seconde Guerre Mondiale, nous n’avons pas encore réussi à parler des pages les plus sombres de l’histoire du peuple Juif et de l’histoire Européenne de manière à ne blesser personne, et la mea culpa n’a pas encore engendré des paroles de guérison. Les plaisanteries cyniques ou sadiques n’ont jamais aidé à traverser les épreuves de l’histoire et ni celles de la vie. Urgentes: les idéologies totalitaires et les régimes politiques extrémistes qu’elles promeuvent, inspirent encore les dirigeants et les puissants du moment qui les mettent en œuvre. Le désir de renforcement du pouvoir des uns, et l’utopie d’une paix durable acquise, des autres, finissent par aveugler. Ne pas vouloir voir devient facilement ne plus pouvoir voir. La guerre en Ukraine était devant notre porte.

Et la liberté d’expression en tout cela? Ce noble et précieux principe de nos démocraties est capable de produire de beaux fruits de créativité ainsi qu’une richesse culturelle insoupçonnable. Veillons à ce qu’un bon arbre ne porte pas de mauvais fruits.

Mais ce clip-vidéo nous encourage aussi à écouter et à approfondir davantage notre histoire, et celle de la Shoah afin d’en tirer les leçons et de les transmettre aux générations futures. Comment les catastrophes ont-elles pu se préparer, avancer dans les sociétés et les bouleverser ?

Nous déplorons que la VRT, une entreprise publique chargée du service public, donc financée par les citoyens, ait pu diffuser une production si irrespectueuse. Faisons mieux et visons des valeurs supérieures qui nourrissent l’esprit et le cœur, et encouragent aux nobles engagements !

Ds. H. Sinnaghel et L. Verbouwe

Organe de Consultation entre Chrétiens et Juifs en Belgique

arrow