Marcher sur le vide

Au fond, c’est peut-être là tout notre drame, alors que nous avons tant besoin de certitude, de n’en être réduit qu’à recourir à des croyances.

C’est une pasteure qui le dit, donc sans doute penserez-vous d’emblée au terrain de la religion, mais c’est bien de tous nos terrains psychosociaux qu’il s’agit.

Qu’on parle de médecine ou d’éducation, d’économie ou de gouvernance…

Les moments de crise, et la situation sanitaire actuelle en fait partie, sont des moments où des données nouvelles, de l’ordre de l’épreuve (donc incluant une dimension de souffrance), s’imposent à nous. De façon très violente. Souvent sans que notre système de convictions/croyances/certitudes puisse servir directement à les appréhender.

La crise, c’est quand le sol s’ouvre sous nos pieds et il n’y a plus rien.

Nous cherchons au plus vite à combler le vide, avec un attirail de croyances, parce qu’enfin, il faut bien pour avancer s’appuyer sur quelque chose. Qu’elles aient si peu à voir avec les faits ou avec la raison, tant elles sont adoptées dans l’urgence, semble difficile à comprendre.

Et pourtant….

Puis vient Noël.

Noël, c’est paradoxalement une rupture définitive, assumée, avec notre quête de certitude.

Ni Joseph, ni Marie, ni les bergers, ni les mages, n’en seront bientôt plus à tenter d’avoir une autre prise sur leur réel que d’écouter les anges.

Or, les anges, contrairement aux apparences, ne représentent aucune croyance. Ils sont aux contraire les messagers d’une logique qui nous fait avancer autrement : dans la confiance qui accepte l’insensé comme donnée dont du neuf peut jaillir

Accepter cet enfant batard, cette fille-mère, ce roi sur de la paille…

Aucune autre croyance ne porte les protagonistes de l’histoire que la très étrange, mais profonde, conviction que le Bon, le Bien est dans cette direction que les anges indiquent.

Noël, c’est Dieu venu nous dire qu’il est possible de marcher sur le vide, et de ne pas tomber.

Françoise Nimal

Image : pixabay

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